La Générale des Eaux nettoie le port de Boston

Boston, 1773 : les pionniers américains en colère détruisent les cargaisons de thé des bateaux de la Compagnie des Indes dans le port... La pollution ne s'est pas arrêtée depuis. Deux siècles plus tard, la Compagnie Générale des Eaux a rendu les eaux du port aux poissons. Coût de ce projet, parmi les plus importants pour l'envi-ronnement dans le monde : 17 milliards de francs. Un montant qui aurait pu être deux fois plus élevé si le projet initial accrédité par l'Agence fédérale de l'envi- ronnement à Washington avait été choisi. Car depuis cet épisode historique de la guerre d'indépendance américaine, les eaux du port de Boston étaient devenues un véritable enjeu politique. Lors de la campagne présidentielle de 1988, Boston est baptisé le « port de la honte » par George Bush, qui reproche à son adversaire Michael Dukakis de ne même pas savoir s'occuper de sa ville. Comment, donc, pourrait-il s'occuper du pays ? A la suite d'un procès retentissant à l'initiative des associations pour la protection de l'environnement, la munici- palité fut contrainte dès la fin des années 70 de s'en préoccuper sérieusement. En 1985, le MWRA (Massachusetts Water Resources Authority), syndicat regroupant la ville de Boston et quarante-deux communes environnantes, est créé pour garantir la propreté de l'eau. Pour remplir ses engagements, le syndicat finit par choisir Metcalf & Eddy, filiale de la société AWT (Air & Water Technologies Corporation), tête de pont outre-Atlantique de la Compagnie Générale des Eaux (42 % des actions) et dont cette dernière assure le management. « Grâce à un logiciel très sophistiqué de modélisation des réseaux, nous avons réussi à démontrer au syndicat qu'il n'était pas nécessaire de truffer la ville de tuyaux pour collecter les eaux de pluie, d'où l'économie substantielle réalisée », explique Don Deieso, le président de Metcalf & Eddy. Aujourd'hui, le projet touche à sa fin et les 2 millions de litres de boues quotidiens qui auparavant étaient rejetés dans la mer sont désormais traités dans la station de Deer Island. Cette station gigantesque de traitement des eaux usées est une formidable vitrine technologique pour la Générale des Eaux aux Etats-Unis et dans le monde. Actuellement, le leader français de l'éco-business ne réalise que 9,2 milliards de francs outre-Atlantique, dont seulement 16 % dans les métiers de l'eau, sur un chiffre d'affaires total de 163 milliards de francs. Mais le marché de l'eau aux Etats-Unis est gigantesque. Pour l'eau potable et les eaux usées confondues, on ne compte que 25.000 usines pour un marché de 150 milliards de francs. Et seules trois cents de ces usines sont exploitées par une entreprise privée spécialisée comme AWT. Après quelques déboires financiers, la Compagnie a pris le contrôle opérationnel de cette société qui a réalisé 35 millions de dollars (178 millions de francs) de bénéfices en 1995, contre 160 millions de dollars de pertes l'année précédente, pour un chiffre d'affaires de 619 millions de dollars. Sophie Seroussi à Boston
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