Un marché de 4 milliards de francs

LE MARCHÉ de l'informatique médicale est en pleine effervescence. Près de 300.000 professionnels de santé du secteur libéral devront s'informatiser d'ici à 1998. « L'acquisition d'un ordinateur, d'un lecteur de cartes ou d'un terminal dédié devrait leur coûter 4 milliards de francs », estime Didier Geiben, chargé d'études chez GM Consultant. Il faut savoir que, sur les 115.000 médecins, seuls 12 % à 15 % possèdent un ordinateur (60 % ont un PC, et 40 % un Macintosh). La moyenne d'âge des praticiens tourne autour de quarante-cinq ans et explique une certaine réticence à l'informatisation. Ils devraient avoir deux sortes de comportement. Certains se contenteront de répondre aux obligations légales et laisseront à leur secrétaire le soin de télétransmettre les feuilles de soin vers les centres d'assurance maladie. D'autres profiteront de l'arrivée de l'ordinateur dans leur cabinet pour informatiser leurs obligations administratives certes, mais aussi leur comptabilité, voir leur activité médicale. Car, derrière l'offre des industriels, les sociétés de services informatiques disposent d'une offre très large à destination des professionnels : consultation de base de données, télétransmission de données, messagerie électronique. Ces programmes sont parfois menés sous l'égide de syndicats professionnels, comme en témoigne le projet de serveur Sicar, développé par le syndicat des cardiologues avec l'appui technique de Syseca et de Thomson Infogérance. Constructeurs et éditeurs ont débuté les alliances De plus en plus, les logiciels « patients » intègrent des fonctions d'assistance au diagnostic et à la prescription. Comme le logiciel de Mégabaze, qui indique au médecin le coût de l'ordonnance et lui propose, le cas échéant, la prescription de médicaments génériques moins coûteux. Ces outils sont destinés à aider les praticiens à respecter les quotas imposés par la Cnam. Si les éditeurs ne manquent pas d'imagination, ils sont toutefois très fragiles. On dénombre sur le marché plus de deux cents offres de logiciel. Des produits édités par des micro-sociétés, leaders compris comme Prokov Editions ou Distal, n'atteignent pas les 20 millions de francs de chiffre d'affaires. Or, tous souffrent très durement de l'attentisme des médecins, qui tablent sur la sortie des décrets pour bénéficier de l'aide de la Cnam. « Bon nombre d'entre nous ne tiendront pas le coup. Sans compter que nous devons passer une procédure de labellisation pour les modules "logiciel" Sesam Vitale. Cela ralentit encore la commercialisation de notre offre », s'alarme Thierry Kauffmann, gérant de Prokov Editions, le leader de ce type d'applications sur Macintosh avec quatre mille cinq cents utilisateurs. L'inéluctable recomposition du marché attise la convoitise des grands. Les manoeuvres ont d'ailleurs commencé. Comme l'illustre le tandem Microsoft et LSI Medical qui assure la coexistence entre le logiciel Dia 95 et l'offre bureautique du géant américain. Autre alliance significative de l'évolution du marché, celle d'Apple et de Schlumberger, qui commercialiseront, début 1997, un Medical Digital assistant. Ce terminal, développé à partir de l'ordinateur personnel Newton, comprend un modem, un double lecteur de cartes et une ardoise électronique avec reconnaissance d'écriture. Quant au Medipad, portable de Thomson Health Systems, il intégrera même un processeur Pentium 100 ! TECHNOCHRONIQUEURS ASSOCIÉS
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