Aérien + La gestion « dure » de la crise par le patron de British Airways critiquée

La grève des hôtesses et stewards de British Airways, commencée hier matin et qui se poursuivra jusqu'à samedi 7 heures, a entraîné hier de nombreuses perturbations. La plate-forme de Heathrow a été la plus touchée puisque le transporteur a dû y annuler 70 % de son programme. Et seule une moitié des 50 vols long-courriers a pu y être maintenue. Sur la centaine de liaisons quotidiennes avec l'Europe, la compagnie n'en a assuré que 38 et tous les vols intérieurs étaient supprimés. A Gatwick, les perturbations étaient moindres, tous les vols intérieurs et intra-européens ayant pu être maintenus. Et seules 9 liaisons intercontinentales sur un total de 16 ont été annulées à Gatwick. « Intimidation ». Six piquets de grève avaient été mis en place très tôt à Heathrow, surveillés de près par des membres de la direction. Selon un porte-parole du TGWU (Transport and General Worker's Union), le syndicat qui a appelé à la grève, la présence de représentants de la direction illustre la « tactique d'intimidation » adoptée depuis le début du conflit. Mais le TGWU a averti qu'il pourrait à nouveau appeler à une grève la semaine prochaine si les négociations n'aboutissaient pas. Bob Ayling, directeur général, fait face au premier grand conflit depuis la privatisation en 1987 de la compagnie qui figure parmi les plus rentables du monde. Il a proposé un plan d'économies de 42 millions de livres (420 millions de francs) pour les navigants commerciaux dans le cadre d'un programme global devant réduire les coûts de 1 milliard de livres d'ici à 2000. Selon les calculs du TGWU, ce plan ferait baisser de 19 % la rémunération des hôtesses et stewards nouvellement recrutés. La gestion « dure » de la crise par Bob Ayling est sévèrement critiquée. Depuis les premiers avertissements syndicaux, Bob Ayling a menacé les grévistes de les licencier, de les poursuivre en justice puis de geler les promotions et les avantages. Une vingtaine de députés travaillistes ont signé un texte stigmatisant la « gestion macho » de la direction. Mais le gouvernement a refusé de s'immiscer dans ce conflit. Celui-ci doit « être résolu par la direction et les syndicats », a déclaré hier devant la Chambre des communes le Premier ministre, Tony Blair. La situation est toutefois délicate, Bob Ayling étant considéré comme l'un des patrons les plus proches du « Nouveau Labour ». Paix sociale. Cette grève est d'autant plus remarquée qu'elle rompt avec la paix sociale dont bénéficiaient depuis plusieurs années les grandes entreprises privées au Royaume-Uni et qu'elle frappe l'un des porte-drapeaux du nouveau capitalisme britannique, dirigé de surcroît par un parangon du patron imprégné de culture économique libérale. D'une façon générale, la résistance aux restructurations menées dans les grandes entreprises semble se multiplier. Il n'empêche que le nombre de grèves reste à un niveau historiquement bas outre-Manche. P. M.
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