LOGISTIQUE + Alain Poinssot : « L'endettement de Géodis est excessif »

« La Tribune ». - Vous étiez il y a peu encore directeur général délégué chargé de la clientèle à la SNCF. Vous remplacez Claude Gressier à la présidence de Géodis. Pourquoi ce changement ? Alain Poinssot. - J'ai passé près de dix-sept ans à la SNCF et je pense en avoir vu toutes les facettes. J'ai, je crois, contribué à l'évolution de cette grande entreprise à mes postes successifs [Ndlr : notamment direction du fret, puis des grandes lignes, enfin direction générale]. Depuis un certain temps, je souhaitais exercer des responsabilités encore plus entrepreneuriales. C'est donc en plein accord avec le président de la SNCF, Louis Gallois, qui attache beaucoup d'importance au redressement et au développement de Géodis, que nous sommes convenus de ce changement. Le fait que la SNCF ait initié ce changement ne remet-il pas en cause la volonté affichée par les pouvoirs publics et la direction de l'entreprise d'un retrait de la SNCF du transport routier-logistique ? - Il n'y a pas de changement de problématique. La SNCF souhaite que Géodis, constitué à partir de ses participations dans ce secteur, puisse se moderniser, redevienne rapidement rentable et l'un des tout premiers opérateurs européens. Il est également important dans la problématique globale des transports en France de consolider l'existence de Géodis. Son développement va nécessiter dans les années qui viennent des besoins nouveaux en capitaux. Le moment venu, il appartiendra aux actionnaires du groupe, qui est privé et coté au second marché, de se prononcer sur l'apport de nouveaux capitaux [Ndlr : Géodis est détenu à 48,3 % par CTT Sceta (groupe SNCF) à 29,1 % par Salvepar (groupe Société Générale), à 9,4 % par les AGF, et à 13,2 % par le public]. Mais la question n'est pas d'actualité. En revanche, la baisse de l'endettement est à court terme un objectif central, car la structure financière de Géodis n'est pas satisfaisante. L'endettement est excessif [Ndlr : les dettes financières dépassent 3 milliards] et les fonds propres insuffisants. Il est impératif de rétablir la rentabilité et de réaliser dès que possible certains désinvestissements. Votre prédécesseur a engagé à la fin de l'an dernier une profonde réorganisation interne. Est-elle suffisante ? - Claude Gressier a fait un excellent travail tant en ce qui concerne la création et l'organisation de Géodis que du lancement des orientations stratégiques. Je ne peux qu'être heureux de pouvoir m'appuyer sur cet acquis. L'opération n'est pas pour autant terminée. Il y a encore beaucoup de travail à effectuer pour donner une réalité concrète à notre organisation par branches et conforter le rôle du comité exécutif comme outil de direction générale de groupe. Je vais profiter de l'été pour me fixer un « plan de vol » que j'annoncerai en septembre. Géodis a dégagé une lourde perte en 1996. Qu'en est-il du premier semestre ? - Les 244 millions de francs de pertes [Ndlr pour un chiffre d'affaires de 15 milliards] comprennent 218 millions de charges non récurrentes (nettoyage du bilan, opérations de redéploiement, grève des routiers). A la fin mai, l'activité est supérieure à nos prévisions avec une croissance de près de 9 % par rapport à l'an dernier. La messagerie croît d'environ 5 % en France et de 8,5 % en Europe, la route et la logistique de 10 %, et l'overseas de 15 %. Ceci s'accompagne d'une nette amélioration des résultats. Et tout permet de penser que le résultat après impôt sera positif à la fin juin, hors éléments exceptionnels. Pour l'ensemble de l'exercice, je reste prudent, d'autant que la fin de l'année est traditionnellement décisive. Propos recueillis par Christophe Palierse
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.