Corsica Ferries concurrence directement la SNCM

DEPUIS SAMEDI, les passagers de Corsica Ferries peuvent embarquer à Nice à destination de la Corse, à bord du Corsica Express II. Le navire rapide de Corsica Ferries, une compagnie privée qui assure depuis les années 60 les liaisons entre la Corse et l'Italie, est finalement arrivé. Attendu dès avril 1995, c'est avec plus d'un an de retard que le grand rendez-vous de la concurrence entre la Société nationale Corse-Méditerranée, la SNCM, et Corsica Ferries a eu lieu. Corsica Ferries a été confronté à un dépôt de bilan des chantiers navals chargés de la construction et à la nouvelle législation en matière de sécurité qui ont obligé les constructeurs à reprendre une partie de leur travail. Puis, fin juin, la grève des employés du chantier a hypothéqué la mise en service de ce NGV. Le voyage inaugural entre Bastia et Calvi a eu lieu vendredi. L'arrivée du Corsica Express II s'inscrit dans une guerre ouverte entre la SNCM et Corsica Ferries qui utilisent tous les arguments possibles pour s'imposer sur les lignes corses avant l'ouverture des liaisons à la concurrence européenne à partir de 1999. Pour la SNCM, l'arrivée du NGV sous pavillon français est un avant-goût de la déréglementation. Car même si la compagnie est assurée de bénéficier de l'enveloppe de continuité territoriale jusqu'en 2001 (environ 500 millions de francs par an), à la fin de sa convention de service public, depuis cinq ans ses dirigeants se préparent à la nouvelle donne. Un petit mieux pour la SNCM malgré les attentats « Nous étions déjà concurrencés par les liaisons avec l'Italie », souligne Maurice Bertoni, directeur régional de la SNCM en Corse. Des efforts ont été consentis pour améliorer la rentabilité (500 emplois supprimés en 5 ans), et la qualité de service avec la mise en place de réservations par boîte vocale, un service Minitel et bientôt une présence sur Internet. La SNCM dispose d'une flotte de douze navires, ferry et cargo mixte, dont deux NGV : l'Asco, mis en service fin mars, l'Aliso qui arrivera fin juillet et un transbordeur, le Napoléon-Bonaparte, digne des plus beaux bateaux de croisières. D'importants investissements, à amortir sur 20 ans (moins de 150 millions pour l'Asco et 1,2 milliard pour le Napoléon-Bonaparte), mais qui interviennent alors que la fréquentation touristique sur l'île de Beauté s'effondre. « En 1992, nous avions transporté 850.000 touristes, explique Pascal Lota, président de Corsica Ferries, ils n'ont été que 600.000 en 1995. Les réservations actuelles sont calmes, mais nous espérons atteindre l'équilibre ». Une si forte chute que la compagnie ne mettra qu'un NGV sur les lignes de Corse. Le deuxième, Corsica Express I, a été affrété en Amérique du Sud. Depuis début 1996, la SNCM enregistre une légère hausse de ses trafics, mais les réservations pour juillet-août sont inférieures de 13 % à 1995. « Nous espérons finir en positif, explique la direction. En trois mois, notre NGV a transporté 60.000 passagers et nous avons accru notre trafic sur Nice de 20 % ». Mais les derniers événements notamment l'attentat à la voiture piégée à Bastia risquent de compromettre plus encore les résultats de cette saison. La lutte pour les parts de marché en Méditerranée n'en sera que plus acharnée. LINDA PERETTI
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