Rick Wagoner prépare GM à de nouvelles épreuves

General Motors s'apprête à fêter son centième anniversaire dans un contexte difficile. Au terme d'un exercice 2007 où le constructeur a vu ses ventes chuter de 6 % aux États-Unis, accusant sa huitième année consécutive de repli, son PDG, Rick Wagoner, teinte son habituel optimisme de prudence. " Dans l'ensemble, je m'attends à ce que 2008 soit similaire à 2007 ", sur le marché américain, a-t-il déclaré la semaine dernière, prévenant toutefois qu'il existait " des raisons manifestes de s'inquiéter ".Pour 2008, le patron table sur un marché domestique stable à " 16 millions et quelques [de véhicules] ". Mais nombre d'analystes anticipent un recul à 15,5 millions d'unités. Alors que le prix du baril continue à flamber et que Wall Street n'écarte pas une récession aux États-Unis en 2008, General Motors risque de perdre incessamment sa place de numéro un mondial au profit de Toyota.DES EFFORTS INSUFFISANTSMalgré les restructurations entreprises ces dernières années, le groupe peine à remonter la pente. Après avoir perdu 12,5 milliards de dollars entre 2005 et 2006, GM a enregistré une perte record de 39 milliards de dollars au troisième trimestre 2007. Le constructeur a précisé que ce déficit était lié au réajustement exceptionnel d'avoirs fiscaux. Il est, cependant, chroniquement déficitaire en Amérique du Nord et en Europe. Même si le groupe est parvenu à réaliser 9 milliards de réduction de coûts en 2007, " cela ne sera pas suffisant, a assuré Rick Wagoner vendredi, pour générer du cash en 2008 ".Devenu directeur général de GM en 2000, puis PDG en 2003, Rick Wagoner a hérité d'un groupe gigantesque, bureaucratique, souffrant de nombreux handicaps. La multiplicité de ses marques et de ses modèles freine sa capacité à s'adapter. Bien qu'il se soit engagé à développer des modèles plus sobres aux États-Unis, le constructeur est encore trop axé sur le créneau des gros 4X4 et pick-up, lourds et voraces. Après avoir déclaré que GM avait consacré de " massives ressources " à la conception de la Chevy Volt, un projet de voiture entièrement électrique, Rick Wagoner a indiqué jeudi que le groupe envisageait de différer son lancement, prévu en 2010. Outre les problèmes inhérents à sa taille, le géant de Detroit a commis des erreurs stratégiques au cours des dernières années. La réorganisation à répétition de son ingénierie mondiale a entraîné de graves retards dans la conception de ses véhicules et compromis les synergies sur lesquelles il tablait. À vouloir brutalement tailler dans ses coûts dans les années 1990, GM a aussi rencontré des problèmes de qualité qui ont un temps nuit à sa réputation et dont il a eu du mal à se remettre.UNE COMPETITIVITEINDUSTRIELLE ACCRUEEnfin, le consortium de Detroit, en mal d'argent frais et dont la notation a été rétrogradée au rang de " junk bonds " par Standard & Poor's en 2005, a réalisé d'erratiques va-et-vient dans ses alliances. Il a récemment revendu ses participations dans les constructeurs japonais Suzuki, Isuzu et Fuji Heavy, présentés pendant longtemps comme le coeur de sa politique asiatique. L'alliance avortée avec Fiat lui a coûté 1,5 milliard de dollars de dédommagements. De plus, le groupe n'a jamais réussi à rentabiliser sa filiale suédoise haut de gamme Saab, systématiquement en perte depuis dix-sept ans.Bien que GM souffre toujours de problèmes multiformes, le bilan de Rick Wagoner n'est pas entièrement négatif. S'ils déplorent que ses efforts n'aient pas suffi à redresser les ventes et les comptes du groupe, les analystes reconnaissent que le PDG se démène pour redresser le paquebot General Motors. Le constructeur est engagé dans un nouveau plan de restructuration, qui prévoit notamment de supprimer 35.000 emplois supplémentaires outre-Atlantique. Sa compétitivité industrielle s'est accrue. Et après des années calamiteuses, la satisfaction de ses clients a progressé de façon notable. À l'automne, Wagoner a signé un accord avec le syndicat UAW visant à créer un fonds ad hoc pour réduire à terme les coûts d'assurance-maladie de GM. Sous sa houlette, le groupe a repris à bon compte les activités automobiles du conglomérat coréen en faillite Daewoo en 2002. Du coup, GM Daewoo dispose d'une bonne base de coûts pour des produits de qualité à prix modérés, lesquels connaissent un grand succès. L'expansion en Chine est également au rendez-vous. Mais ces réussites nouvelles ont du mal à compenser les handicaps structurels du constructeur.ParcoursRichard " Rick " Wagoner est néen 1953 à Wilmington (Delaware). Après des études d'économieà la Duke University, il décrocheun MBA de Harvard en 1977. Il rejoint GM en qualité d'analyste, devient trésorier de sa filiale brésilienne en 1981 puis directeur opérationnel. En 1992, Wagonerest nommé directeur financier.Il accède au rang de directeur général en 2000 et de PDG en 2003. Depuis 2005, il dirige personnellement les opérations nord-américaines, en difficulté.
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