Christian Paschetta défriche la réforme portuaire

Il faut faire la réforme si l'on veut la relance des ports. " Christian Paschetta, président de l'Union nationale des industries de la manutention - le syndicat patronal de la manutention portuaire - et PDG de la Générale de Manutention Portuaire (GMP), l'une des deux plus grosses entreprises françaises du secteur, ne craint jamais de parler franc. Il sait que le terme de réforme est un " gros mot ". Il renvoie à la fameuse " réforme de la manutention " qui embrasa un moment les quais. Pour lui, le plan de relance des grands ports français, qui doit organiser le transfert des activités publiques de manutention - outillage et maintenance - vers le privé est une nécessité. Aux entreprises le service marchand, aux ports les missions régaliennes.UN HOMME DE TEMPERAMENTSi Christian Paschetta " dit les choses ", c'est d'abord par tempérament. Ce chef d'entreprise de 60 ans au caractère entier a claqué la porte du Port Autonome de Marseille en 1998 parce qu'il n'est pas parvenu à travailler avec Éric Brassart, directeur général. " Je ne peux travailler qu'avec des gens avec lesquels je partage des idées. " Après un passage à la Chambre de commerce et de l'industrie de la Réunion, il a accepté en 2000 le défi de redresser la GMP, manutentionnaire havrais désormais détenu pour moitié par CMA-CGM et par DP World.Si Christian Paschetta " dit les choses ", c'est aussi parce qu'il a fait ses preuves. Non content d'avoir redressé puis développé la GMP (passée de 420 à 950 salariés dont 750 dockers), il a mouillé sa chemise pour mettre en place un avant-goût de réforme, à l'occasion de la mise en exploitation de Port 2000 en avril 2006. Il a obtenu que des portiqueurs du port autonome soient mis à disposition de son entreprise sur la base du volontariat pour une durée de trois ans, tout en restant salariés du port autonome. Loin de jouer les cow-boys, Christian Paschetta n'a fait que mettre en musique dans son entreprise le fameux " commandement unique sur les quais " qui découlait de l'option prise par les pouvoirs publics.Pour pouvoir investir puis installer son entreprise sur le terminal de France (à Port 2000), Christian Paschetta a accepté d'essuyer les plâtres, en signant, le premier, avec le Port Autonome du Havre, une convention d'exploitation de terminal. Ce nouvel outil juridique expérimenté avec Port 2000 institue la notion de terminal réservé à un opérateur. Une règle qui déroge au vieux principe d'égalité de traitement entre opérateurs. L'opérateur étant " c hez lui ", il est fondé à diriger lui-même toutes les opérations de manutention.EXPERIENCE DE LA NEGOCIATIONAprès avoir pris part aux travaux du comité Smagghe qui avait ouvert la route à la séparation du régalien et du commercial et imaginé le principe du " prêt de personnel ", Christian Paschetta a mis toute son énergie dans la " recherche d'accords accessibles " avec la Fédération des ports et docks CGT (où sont syndiqués une majorité de dockers, mais aussi de portiqueurs) et le Port Autonome du Havre. Celui-ci avait l'autorisation de faire bouger les lignes, mais sans faire de vagues.Les négociations durèrent trois ans. Fort de son expérience del'entreprise et de la négociation syndicale, il veut, dans les mois qui viennent, s'employer, avec la profession, à résoudre la délicate équation consistant à " ne laisser personne au bord du chemin,tout en favorisant la compétitivité des entreprises " . Il sait qu'ilsera attendu par les portiqueurs des ports autonomes et par lesentreprises. Ces dernières réclament depuis dix ans une organisation du travail unique pour les dockers, qui chargent et déchargent les conteneurs, et les portiqueurs qui conduisent les portiques sur les mêmes quais. Mais, échaudées par la première réforme de 1992 - elles furent contraintes de mensualiser plus de dockers qu'elles ne pouvaient le faire -, elles sont vigilantes sur les modalités.Comme d'autres manutentionnaires, Christian Paschetta a, de façon très pragmatique, anticipé la réforme en gelant les recrutements pour embaucher, le moment venu, un volant significatif de manutentionnaires du port autonome. Mais, en même temps, il est prêt à donner de la voix, si nécessaire, au nom du principe de réalité. " Aux jeux Olympiques, rappelle-t-il, le coureur à pied qui court avec un sac sur le dos, n'a aucune chance de gagner. "
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