Le vin français ne croit pas aux réformes de Bruxelles

Les viticulteurs français en ont assez d'entendre parler de crise. Ils veulent repartir de l'avant. Or la réforme que leur a proposée hier Mariann Fischer Boel, la commissaire européenne à l'agriculture, ne leur semble pas la mieux adaptée à leur volonté de reconquête de parts de marché. Bruxelles souhaite rétablir l'équilibre entre offre et demande en procédant à l'arrachage de 200.000 hectares de vignoble en Europe (soit 6 % du total) et veut réaliser des économies en supprimant les subventions à la distillation pour réinjecter ces moyens dans la promotion des vins européens.Sur le principe, les viticulteurs ne sont pas totalement opposés à l'arrachage. Certains sont même contraints de le faire pour survivre grâce aux aides perçues en échange. Mais dans les faits, ils doutent de l'efficacité des mesures. " Dans le Languedoc-Roussillon, près de 130.000 hectares de vignes ont été arrachés depuis dix ans sans que cela ne résolve quoi que ce soit. Car dans le même temps des vignes ont été plantées dans l'hémisphère sud ou même dans d'autres régions de France ", déplore Jacques Gravegeal, le président des vins de pays d'Oc. Ce dernier rappelle aussi que près de 150.000 hectares de plantations illégales en Italie, Grèce ou Espagne attendent toujours d'être éliminés, ce qui représente presque autant que l'arrachage réclamé par Bruxelles.120 MILLIONS D'EUROS POUR PROMOUVOIR LES VINS EUROPEENSPar ailleurs, dans un front uni, les représentants des organisations nationales viticoles et agricoles soulignent " l'incohérence d'un projet qui d'un côté finance un plan d'arrachage, et de l'autre autorise à partir de 2013 des plantations sans condition ".Ils mettent aussi en garde contre un " libéralisme à tous crins qui prône entre autres de nouvelles règles d'étiquetage qui pourraient desservir le consommateur ". Avec la réforme, même les vins de table, qui, contrairement aux vins de pays ou aux AOC ne sont soumis à aucun contrôle, pourraient afficher le cépage et le millésime sur leur étiquette. Le consommateur, déjà perdu face à une offre pléthorique et peu claire, pourrait alors acheter une bouteille de chardonnay, sans grand rapport avec le goût ni la qualité de ce cépage lorsqu'il est cultivé selon des règles qualitatives contrôlées. Enfin, ils déplorent l'insuffisance de moyens - 120 millions d'euros - alloués à la promotion des vins européens vers les pays tiers. Leurs prises de positions ne sont pas partagées par l'aval de la filière. Les négociants en vins français ont accueilli " favorablement " la proposition de Bruxelles qu'ils estiment être une " solide base de négociation pour permettre aux vins français d'être plus compétitifs ".
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