EADS défie Boeing dans les avions ravitailleurs aux États-Unis

Le suspense ne devrait plus durer qu'une quinzaine de jours pour Northrop Grumman et EADS. Selon le groupe américain, allié à l'européen pour l'appel d'offres du KC-X, futur avion ravitailleur de l'armée de l'air américaine, le Pentagone devrait dévoiler son choix " le 31 janvier ou autour de cette date " . Pour les deux partenaires, il s'agit de briser le monopole dont bénéficie Boeing depuis 75 ans sur ces appareils et rafler la première tranche de ce contrat de renouvellement qui porte sur 179 avions, pour une valeur d'environ 40 milliards de dollars (environ 26,8 milliards d'euros). En cas de commandes additionnelles, le montant total pourrait dépasser 100 milliards, selon la presse américaine.Début janvier, Boeing et Northrop ont soumis leur offre finale au Pentagone. L'avionneur de Chicago a confirmé qu'il proposerait un appareil dérivé de son 767, le KC-767. En 2001, cet avion avait remporté une première compétition, annulée à la suite d'un scandale de corruption et de trafic d'influence. De son côté, Northrop, chef de file d'un groupe d'entreprises composé également des américains General Electric et Honeywell, lui oppose son KC-30, basé sur l'A330, un long-courrier bimoteur d'EADS. En attendant le verdict, les deux parties se livrent à une guerre des arguments.Boeing juge le KC-30 de la partie adverse " surdimensionné " et note que s'il était retenu, il s'agirait du deuxième plus gros appareil de l'US Air Force. Selon Boeing, le choix du KC-30 entraînerait des problèmes de " surcapacité " et de stationnement. Ronald D. Sugar, PDG de Northrop, affirme pour sa part que le KC-30 constitue " la seule solution " capable de répondre aux futurs besoins de mobilité de l'armée de l'air américaine et donc propre à remplacer les KC-135 de Boeing, à bout de souffle (44 ans en moyenne)." CREATION DE LA PLUS VASTE CHAINE D'ASSEMBLAGE D'AVIONS"Pour convaincre le Pentagone et le Congrès américain réticents à accorder ce contrat à un groupe étranger, EADS a proposé lundi de délocaliser une partie de sa production d'A330 à Mobile, dans l'Alabama, et d'y créer 300 emplois. Cette décision sera liée à l'obtention du contrat des avions ravitailleurs. " Non seulement le choix du KC-30 fournira à l'armée de l'air américaine l'avion militaire le plus efficace, mais il permettra aussi la création de la plus vaste chaîne d'assemblage d'avions commerciaux pour les États-Unis depuis 40 ans, et la première du genre pour Airbus aux États-Unis ", a insisté le PDG d'Airbus, Tom Enders. Outre les avions-ravitailleurs, l'avionneur européen a prévu de délocaliser à Mobile l'assemblage des avions cargo A330.Au-delà du contrat des ravitailleurs, les perspectives de Northrop semblent meilleures : le gouvernement américain reviendrait sur la doctrine de l'ancien secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, qui privilégiait une force armée légère, dépendant de télécoms satellites. Cette politique dite de " transformation " avait surtout profité à Boeing qui avait remporté de nombreux contrats. En février, son successeur Robert Gates doit présenter un budget 2009 privilégiant des équipements plus classiques. Cette nouvelle tendance bénéficiera aussi à Lockheed Martin et Raytheon, estiment les analystes. Pour l'exercice fiscal 2008 démarré au début octobre, le budget du Pentagone - hors enveloppes pour les conflits en Irak et en Afghanistan - a bondi de 12 % à 471,2 milliards de dollars (315,9 milliards d'euros).
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