Le rail contre le ciel : c'est un duel féroce qui s'annonce sur le trajet qui relie les deuxprincipales villes espagnoles, Madrid et Barcelone. Un affrontement de géants : le train, qui a le vent en poupe au sud des Pyrénées (le gouvernement socialiste veut que l'Espagne soit leader européen en kilomètres de lignes à grande vitesse en 2010), vient défier l'avion sur un de ses fiefs de prédilection : le pont aérien entre Madrid et Barcelone est, affirme-t-on en Espagne, le plus dense du monde, avec quelque 75 fréquences quotidiennes en semaine.Renfe, la compagnie espagnole des chemins de fer, mettra en service 34 trains par jour sur cette ligne, offrant un total de 13.500 places. Elle a établi une grille de tarifs ressemblant à s'y méprendre à celle de l'avion, avec un large éventail de prix, allant de 40,80 euros pour les billets achetés sur Internet à 163,50 euros pour ceux valables un an et pouvant être utilisés sans réservation. Cette dernière offre, appelée de manière significative le " Pont TGV ", copie ouvertement le billet du Pont aérien d'Iberia, qui coûte plus cher : 199 euros. La première compagnie aérienne du pays, qui accapare à elle seule près des deux tiers du total des vols entre les deux villes, est, en revanche, plus compétitive que le train pour les billets bon marché, avec un billet à 32 euros.DEUX HEURES TRENTE-HUIT Renfe espère capter pas moins de 60 % des 5,2 millions de passagers qui utilisent actuellement l'avion entre les deux villes, séparées par 625 kilomètres. Le trajet s'effectuera en 2 h 38 pour les trains directs. Contre 70 minutes pour l'avion, auxquelles il convient d'ajouter le trajet entre le centre-ville et l'aéroport. Pour compenser ce handicap, Iberia promet de réduire le temps des formalités d'embarquement pour le pont aérien.Pour convaincre les hommes d'affaires, principaux clients de la ligne Madrid-Barcelone, les responsables d'Iberia soutiennent que l'avion reste la meilleure option durant les heures de pointe : la compagnie aérienne, soulignent-ils, offre six options différentes pour parvenir à destination avant 9 heures, contre une pour le train.Les deux rivaux, toutefois, s'accordent sur un point : cette concurrence nouvelle pourrait contribuer à accroître le nombre total d'usagers de leurs services, notamment parmi les quelque 10 millions de personnes se déplaçant chaque année entre les deux villes en voiture.

latribune.fr

26 Sept 2008, 4:32

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