Un revirement pour Martin Bouygues

Après des années d'hostilité, Bouygues Télécom serait sur le point de louer son réseau à des opérateurs mobiles virtuels (MVNO). Selon nos sources, l'opérateur discuterait avec deux partenaires dont un acteur de la grande distribution. " L'idée n'est plus taboue et il y a une prise de conscience de l'intérêt d'accueillir des MVNO. Mais comme Martin Bouygues s'est longtemps déclaré hostile à ce modèle, il faut qu'ils habillent le message ", explique un bon connaisseur du dossier.En interne, on précise que l'idée fait son chemin car " aujourd'hui, nous avons la capacité de proposer des tarifs de gros à des prix attractifs ". Afin de répondre au succès de son offre Neo qui propose des appels illimités entre 20 heures et minuit, l'opérateur a dû muscler son réseau. Or, avec 8,1 millions d'abonnés, il est encore loin de ses capacités (évaluées à 10 millions d'abonnés), surtout en journée.Parmi les distributeurs en discussion avec Bouygues, le nom de Carrefour est celui qui circule le plus fréquemment : " Quasiment tous les distributeurs, Carrefour mais aussi Leclerc, Intermarché, Super U ont des projets de MVNO. Ils veulent tous y aller surtout depuis qu'Auchan a annoncé le lancement de son service pour l'automne ", précise un spécialiste du secteur. Pour Bouygues Télécom qui possède moins de boutiques que ses deux grands concurrents (SFR et Orange), la grande distribution s'avère aussi un précieux canal de vente.Opposition historique. Ce serait un revirement spectaculaire par rapport à l'opposition historique de Martin Bouygues à ces accords qui permettent à des acteurs de louer des capacités aux propriétaires de réseau (Orange, SFR ou Bouygues Télécom) pour commercialiser leurs propres services de téléphonie mobile. Le patron du groupe Bouygues était implacable face à l'idée même de MVNO : " Le château m'a coûté une fortune, ce n'est pas pour que des romanichels viennent s'installer sur la pelouse ", expliquait-il mi-2004. Ayant investi plus de 4 milliards d'euros dans un réseau cellulaire, Martin Bouygues signifiait par là qu'il n'avait guère envie d'héberger des opérateurs qui risquaient de devenir ses concurrents. Et quelques mois plus tard, il enfonçait le clou en déclarant à nos confrères de 01 Réseaux : " Accueillir un MVNO est un aveu d'incompétence pour un opérateur : qu'est-ce qu'un MVNO nous apporterait que Bouygues Télécom ne sache pas faire lui-même. "Jusqu'à présent, l'opérateur a accepté de simples accords de marque avec Universal Music et TF1. Mais si Bouygues Télécom tourne casaque, c'est que le modèle MVNO sans être un immense succès (il représente 1 % du marché de la téléphonie mobile en France) commence à prendre de l'ampleur. Deux ans après l'annonce du premier MVNO, il en existe aujourd'hui plus d'une dizaine dans l'Hexagone. Et le régulateur, l'Arcep, pourrait durcir le ton cet été afin d'accélérer le mouvement.
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