Louis Gallois remplace Forgeard à la tête d'EADS pour mettre fin à la crise

Sortie de crise chez EADS. Les grands actionnaires, Lagardère, DaimlerChrysler et l'État français se sont enfin mis d'accord sur les nominations chez EADS et chez Airbus afin de faire taire les critiques sur les problèmes industriels, notamment sur l'Airbus A380, et sur les soupçons de délits d'initié. Mis sur la sellette, Noël Forgeard, le coprésident exécutif français, et le président (allemand) d'Airbus, Gustav Humbert, vont partir. Le premier, qui s'estime hors de cause tant sur les problèmes d'Airbus que sur la vente de ses stock-options (voir encadré) - a, selon nos informations, refusé le pis-aller d'une mission de redressement d'Airbus dont il était le précédent patron.C'est Louis Gallois, actuel président de la SNCF mais aussi administrateur d'EADS - il a dirigé Aerospatiale que Lagardère a ensuite acquis pour composer la partie française d'EADS - qui remplacera Noël Forgeard. Les structures bicéphales et binationales du groupe restent pour l'heure inchangées. Dans ce schéma de statu quo, Louis Gallois rejoindra Thomas Enders, le coprésident exécutif côté allemand. Le premier supervisera notamment la florissante filiale Eurocopter (voir ci-dessous), mais c'est le second qui aura la responsabilité du contrôle d'Airbus (appelé à être davantage intégré dans EADS dont il représente les deux tiers de l'activité, voir ci-contre).Airbus va voir l'arrivée surprise d'un homme venu de l'extérieur, Christian Streiff, un temps dauphin de Jean-Louis Beffa à la tête de Saint-Gobain avant d'être évincé.En ordre de marche mi-juillet. Dans ce jeu de chaises musicales, Anne-Marie Idrac, l'actuel PDG de la RATP et l'ancienne secrétaire d'État aux Transports en 1995, rejoint la SNCF. Elle sera remplacée à la RATP par l'actuel directeur de cabinet de Dominique de Villepin à Matignon, Pierre Mongin (Bruno Le Maire, déjà conseiller du Premier ministre, lui succédera). Ce choix politique risque de mettre le feu aux poudres dans les rangs des cheminots qui n'ont pas oublié la politique menée par l'ancienne secrétaire d'État aux Transports. La remise en cause des régimes de retraite des entreprises publiques, en particulier celui de la SNCF, avait notamment provoqué les grandes grèves de 1995.De même, la nomination de Pierre Mongin, l'artisan du CPE, le contrat première embauche, à la tête de la RATP, risque de durcir le climat déjà très tendu entre la direction et les syndicats opposés à la mise en concurrence de la RATP. Anne-Marie Idrac venait en effet d'annoncer l'instauration, lors du dernier conseil d'administration, d'un plan d'économies de 350 millions d'euros, soit 10 % du chiffre d'affaires, pour préparer l'entreprise publique à la concurrence.Le sujet EADS va sans doute s'inviter au triangle de Weimar. La traditionnelle rencontre tripartite entre les chefs d'État français, allemand et polonais devrait voir aujourd'hui Jacques Chirac et la chancelière Angela Merkel s'entretenir en aparté sur l'avenir du groupe d'aéronautique et d'armement européen. L'Élysée a dit vendredi y être prêt et souhaiter que "l'on règle rapidement le problème industriel d'EADS " et que " le succès mondial d'Airbus soit confirmé ". L'appel a donc été entendu.EADS et Airbus pourront en tout cas se présenter en ordre de marche à la mi-juillet, pour le salon aéronautique de Farnborough, près de Londres. C'était indispensable à l'heure où Boeing a repris largement la tête en matière de prise de commandes, avec son futur avion, le B787.Rassurer les actionnaires. Le groupe européen, qui doit réunir aujourd'hui ses petits actionnaires, devra également tenter de les rassurer avec ces nominations. Ce qui serait souhaitable, après le plongeon du titre (- 26,3 %), le 14 juin dernier. La veille, EADS avait révélé que les problèmes de retard de livraison sur l'avion géant A380 amputeraient son résultat d'exploitation de 500 millions d'euros par an de 2007 à 2010. Quelques semaines après l'annonce du désengagement partiel de Lagardère et de DaimlerChrysler dans le capital du groupe et la cession par quelques cadres dirigeants, dont Noël Forgeard, d'une part importante de leurs stock-options. Les grands actionnaires espèrent aujourd'hui qu'avec toutes ces réorganisations, cette crise soit désormais terminée.Forgeard revient sur les raisons de son départDans un communiqué - venu modifier un autre diffusé quelques minutes plus tôt - à en-tête d'EADS, Noël Forgeard, coprésident exécutif du groupe côté français qui a annoncé hier sa démission, s'explique : " J'ai pris la décision de mettre fin à mes fonctions à la tête d'EADS. Je l'ai fait, dans le seul intérêt de cette entreprise, pour mettre un terme à une situation qui pouvait compromettre le règlement des difficultés actuelles d'Airbus et le développement d'EADS. Je réaffirme solennellement que cette décision n'a rien à voir ni avec les difficultés opérationnelles d'Airbus, dont je n'avais plus la responsabilité depuis un an, ni avec la polémique sur l'exercice de mes stock-options dont je rappelle qu'elles ont été exercées dans le strict respect des règles de déontologie et de droit."
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