Des trésors d'acrobaties

Rarement estimations de pertes auront dérapé à ce point ; 14 milliards de francs en 1994, 100 milliards aujourd'hui. Une augmentation de 600 % en trois ans. On n'ose pas imaginer ce qu'il en sera en... 2014, lorsque le CDR aura plus ou moins bradé tous les actifs hérités du Crédit Lyonnais pour le sortir de la déconfiture, transféranà un établissement au nom barbare - EPFR - les pertes provenant du manque à gagner. Et les critères de convergence, dans tout cela ? Et les fameux 3 % de déficit public ? Comment s'en approcher lorsqu'on a d'un côté des centaines de milliards de francs de dérapages et de l'autre des petits milliards d'économies... C'est compter sans le génie des acrobates du Trésor dans les tours de Bercy. Lorsqu'il avait fallu désendetter la SNCF, ils avaient habilement écarté la solution d'un simple service annexe de la dte de l'Etat, préférant loger 134 milliards de cette dette dans un établissement doté des recettes commerciales. Même chose pour l'EPFR qui, pour le Crédit Lyonnais via le Consortium de Réalisation, joue le même rôle en pouvant se prévaloir, lui aussi, de recettes commerciales. La subtilité est immense : en arguant de l'existence de ces recettes, le Trésor peut estimer que les dettes logées dans ces établissements sont sorties de la comptabilité publique. Aussi, soutient-on à Paris, ces sommes faramineuses ne doivent pas être prises en compte dans le calcul du déficit public. Bruxelles appréciera. Mais la gymnastique pratiquée à Paris n'est finalement guère plus acrobatique que celle pratiquée à Bonn lorsqu'il s'agit de réévaluer le stock d'or de la Buba...
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