1996 : les prévisions dans le brouillard

Après avoir baissé en 1995, le marché automobile français va-t-il se redresser dans les mois à venir ? Les prévisions des professionnels sont contrastées, et la question s'avère pour le moins embarrassante. Elle l'est d'autant plus que diverses nouveautés apparues sur le marché au cours des quatre derniers mois sont sensées animer les principaux segments : celui des modèles économiques et celui des véhicules de gamme moyenne. En outre, la « prime qualité automobile », mise en place début octobre, et le renforcement du contrôle technique, pourraient influencer certains consommateurs. Premier constat, l'incertitude règne quant aux prévisions d'évolution du marché français. Particulièrement pessimiste, l'Observatoire de l'Automobile de la société de crédit Cofica (groupe Compagnie Bancaire) tablait à la mi-décembre sur une nouvelle baisse des immatriculations de 3,5 % du nombre d'unités vendues. Tandis que de son côté, le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) prévoit une progression de 1 % à 1,950 million d'unités. Une prévision que partage le PDG de PSA Peugeot- Citroën, Jacques Calvet. Encore davantage à contre-courant des prévisions de la Cofica, Renault s'attend même à une hausse d'environ 3 %. La marque au losange joue, il est vrai, gros avec sa nouvelle Mégane qui remplace désormais la R19. Lancée à la mi-novembre, la nouvelle venue doit faire mieux que le précédent modèle sur le segment des voitures de gamme moyenne inférieure. Sortie en septembre 1988, la R19 représentait encore 4,5 % des ventes de voitures neuves l'an dernier. Sur le seul mois de décembre, la Mégane a occupé 5,4 % du marché. A terme, Renault table sur 7,5 à 8 % des parts. Compte tenu de la forte concurrence qui sévit sur ce segment de marché, le pari du constructeur français est ambitieux. La Mégane devra notamment faire face à la Fiat Bravo-Brava, apparue sur le marché à l'automne. Avec la remplaçante de la Tipo, la firme italienne compte confirmer son retour en forme, après une crise historique. L'arrivée de nouveautés pourrait simultanément animer le segment des voitures économiques, où les nouvelles Citroën Saxo et Ford Fiesta tenteront d'ébranler la suprématie de la Renault Clio ou de faire jeu égal avec la Peugeot 106. Enfin, sur le segment des voitures de gamme moyenne supérieure, la Peugeot 406, qui succède à la 405, devrait concurrencer les Citroën Xantia et Renault Laguna. Outre l'arrivée de ces nouveautés, le marché pourrait bénéficier des mesures de soutien annoncées par le gouvernement en octobre. La reconduction et l'élargissement du système de prime à la casse, le durcissement du contrôle technique (nombre de points contrôlés, rythme des visites), qui vise à accélérer le renouvellement du parc, sont susceptibles d'inciter certains automobilistes à renouveler leurs véhicules plus tôt. Et si la reprise n'est pas au rendez-vous, les constructeurs français, qui dominent leur marché intérieur, devront plus que jamais se tourner vers les marchés extérieurs, notamment en Europe. Là, le CCFA s'attend à une croissance de 2,5 à 3 %. Christophe Palierse
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