Le moral des Français s'effondre

Les ménages ont un horizon dégagé », toute nouvelle hausse d'impôt étant désormais exclue, a affirmé hier Jean Arthuis devant l'association française des trésoriers d'entreprises. Pourtant, les Français voient l'avenir en noir. Même pendant les jours les plus noirs de la récession de 1993, ils n'étaient pas aussi inquiets, indique la dernière enquête auprès des ménages de l'Insee. Le plongeon, amorcé à l'automne, est d'une telle ampleur que l'Insee a dû rallonger l'échelle du graphique illustrant la confiance des ménages. Réalisée au cours des trois premières semaines de décembre, l'enquête reflète peut-être à l'excès les inquiétudes exprimées par les Français lors du vaste mouvement de grève qui a paralysé une partie de la France à la fin de l'an dernier. Mais elles s'étaient déjà exprimées lors des précédentes enquêtes. Epousant la cote de popularité de nos gouvernants, l'effondrement du moral des ménages est sans doute aussi la conséquence de « l'impression générale de flottement de la politique menée par le gouvernement », estime Philippe Chalmin, économiste à la Sfac. Le décalage entre les propos du ministre et la réalité s'explique. Les Français n'ont pas seulement peur pour leur portefeuille. Après trois mois de hausse du chômage, ils sont de plus en plus nombreux à penser que la hausse du nombre de demandeurs d'emploi va poursuivre sa désespérante ascension. C'est préoccupant. L'évolution de la consommation des ménages dépend en effet pour une large part de leur perception de l'avenir. Lorsque le futur est incertain, que la montée du chômage accroît les menaces de licenciements, que les perspectives d'augmentation de salaire s'amenuisent, les ménages y réfléchissent à deux fois avant de se lancer dans un achat important (logement, mobilier, voiture...). Un raisonnement dont rend compte l'enquête de l'Insee. Alors que le gouvernement a mis en place des mesures pour encourager les Français à puiser dans leur bas de laine pour relancer la consommation, ces derniers « jugent la période nettement moins favorable pour faire actuellement des achats importants ». L'application du RDS à partir du mois de février, le recul des créations d'emplois, le ralentissement des augmentations de salaire pèseront lourdement sur le pouvoir d'achat des Français. Selon l'Insee, celui-ci stagnerait, voire reculerait, au premier semestre. Résultat, les Français maintiendraient inchangé leur niveau de consommation sur la première moitié de l'année. Tous les espoirs reposent donc sur une baisse du taux d'épargne qui culmine à 14 % du revenu disponible des ménages, son plus haut niveau depuis une dizaine d'années. Mais là encore, l'effondrement du moral des ménages compromet une baisse de l'épargne de précaution. XAVIER HAREL
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