La vente du Crédit Lyonnais n'est plus aussi urgente

Voilà plus de six mois que Bruxelles attend que Paris veuille bien lui transmettre le troisième plan de redressement du Crédit Lyonnais. Pour justifier l'allongement du délai, Jean Arthuis, l'ancien ministre de l'Economie, avait fait état de sa volonté de faire de ce plan le dernier du genre, aucune erreur n'étant plus possible après les deux précédentes versions en trois ans. Pour sa part, son successeur à Bercy, Dominique Strauss-Kahn, est déterminé à se fixer juillet comme ultime butoir. Deux raisons au moins l'y poussent : le fonctionnement au ralenti de la Commission bruxelloise au mois d'août et la publication des résultats semestriels du Lyonnais en septembre. On peut toutefois s'interroger sur ce point, Bruxelles ayant déclaré à maintes reprises avoir besoin d'environ trois mois pour plancher sur le document que lui remettront les autorités françaises. Le commissaire européen à la Concurrence, Karel Van Miert, ne devrait toutefois pas avoir de grosses surprises : le projet du précédent gouvernement ne devrait pas être substantiellement modifié. La marge est étroite : un équilibre doit être trouvé entre la volonté de Paris de favoriser le redressement de la banque publique et les nécessaires contreparties que Bruxelles exigera pour approuver les aides publiques. Là aussi, Paris s'attend à négocier ferme : si la banque doit bel et bien être redimensionnée, il ne faut pas trop élaguer les ramifications du réseau, sous peine de le rendre moins attrayant lors de la privatisation. Manque à gagner. L'un des points sur lesquels Paris devra insister concernera la neutralisation de l'impact du prêt à l'Etablissement public de financement et de restructuration (EPFR), l'organe financier du dispositif de sauvetage de la banque. Ce prêt, débloqué par le Lyonnais lui-même, a été ramené à 111 milliards de francs fin 1996. Mais il a été accordé à des conditions telles (7 % en 1995 et 85 % du taux moyen du marché monétaire par la suite), qu'il occasionne un manque à gagner estimé à 3 milliards par Jean Peyrelevade, le président du Lyonnais, pour la seule année 1996. Pour l'avenir, Jean Arthuis a fixé les règles du jeu le 25 septembre dernier : « Le gouvernement a décidé de neutraliser les effets sur le Crédit Lyonnais du prêt à EPFR », a-t-il déclaré. Il semble acquis que Dominique Strauss-Kahn s'inscrira dans cette logique. Pour le reste, les pouvoirs publics croient en la capacité de redressement de la banque, dont le bénéfice pourrait dépasser les 2 milliards en 1997. Pour faciliter une privatisation, ce redressement doit toutefois se confirmer. D'où le sentiment que, pour le gouvernement, il est urgent d'attendre. Mais l'idée de privatisation ne semble pas remise en cause pour autant. L. C.
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