"Silent Hill" laisse sans voix

Jeu vidéo ou septième art ? Christophe Gans s'est imposé le défi de transposer sur grand écran le jeu Silent Hill, phénomène mondial doté de millions de fans. On n'avait rien vu du réalisateur français depuis l'énorme succès au box-office de son Pacte des loups en 2001. L'histoire de la bête du Gévaudan l'avait fait connaître au niveau international et lui avait offert par la même occasion son laissez-passer pour Hollywood. Le Pacte des loups, c'était le jouet de Gans. Un film monstre où se bousculaient toutes les références ingurgitées par le réalisateur cinéphile et où s'imposait, de manière souvent trop démonstrative, sa virtuosité technique.Consensuel. Pour Silent Hill, Gans s'est assagi. À mi-chemin entre film fantastique et film d'action, cette nouvelle superproduction semblait propice à une débauche d'effets visuels explosifs. Mais, plutôt que d'instaurer un rythme nerveux ou de jongler comme à son habitude entre ralentis et accélérés, Gans utilise ici des mouvements de caméra très amples et soigne avant tout l'esthétique de ses images. Miser sur l'ambiance visuelle paraît un choix judicieux tant l'histoire est mince. En résumé : Rose (Radha Mitchell) part à la recherche de sa petite fille Sharon (Jodelle Ferland) dans une ville fantôme peuplée de créatures abominables. Le mystère qui pèse sur la ville de Silent Hill est complexe. Mais cette complexité ne sera dévoilée qu'en un seul bloc, dans un long flash-back final. Autant dire qu'on espérait mieux d'un scénario signé Roger Avary (coscénariste avec Tarantino de Reservoir Dogs et Pulp Fiction). Idem pour les dialogues - interprétés par des acteurs américains de second rang - qui peinent à s'imposer.Une fois passée la surprise de l'univers visuellement bluffant de Silent Hill, Gans a bien du mal à nous tenir en haleine. L'action se structure principalement sur le cheminement de Rose. Comme dans le jeu vidéo, elle doit surmonter une série d'épreuves pour rejoindre sa fille. Le film expose une panoplie de créatures intrigantes au design original, mais ne fait jamais vraiment peur. Le réalisateur a privilégié une ambiance oppressante permanente plutôt que des scènes chocs effrayantes. Mais, à trop vouloir éviter le film d'horreur, il ménage ses effets et, de fait, perd le rythme de son histoire.En essayant de contenter tout le monde, Gans se disperse. D'un côté, il s'impose de longues scènes superflues montrant le mari de Rose dans le monde "réel" et sécurisant, à la recherche de sa femme. De l'autre, il offre un final furieusement gore. Silent Hill laisse finalement la même impression que le Pacte des loups. Un projet ambitieux porté par un réalisateur qu'on sent brillant et passionné mais qui ne parvient pas à trouver son point d'équilibre.Olivier Le Floc'h
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.