Menace sur les " stocks " de la Bourse de Paris

Il y en a assez ! Assez de cette Bourse de Paris qui dévisse et envoie mon cours de Bourse par le fond. Assez de vivre dans la terreur de me faire croquer par un concurrent plus riche ou plus audacieux que moi. Assez de craindre que de méchants spéculateurs (les fameux hedge funds) ne s'invitent à mon capital et ne me débarquent manu militari de mon conseil d'administration où je suis censé pouvoir décider, seul, avec moi-même. Assez de répondre aux questions d'actionnaires minoritaires pointilleux qui jouent les Saint-Just en me demandant des comptes. Ces empêcheurs de tourner en rond ne me laissent pas me consacrer pleinement au développement de mon vrai business. Il y en a assez que mes cadres les plus méritants soient traumatisés par l'Autorité des marchés financiers, le gendarme boursier, qui leur demande de s'expliquer sur des ventes de titres entre deux profit warnings et se montre aussi soupçonneux à leur égard que si elle avait à faire à Noël Forgeard en personne. J'en ai rêvé, la famille Courtins Clarins l'a fait. Désabusée par vingt-quatre années de cotation, elle a décidé de franchir le pas, de racheter ses minoritaires et de dire adieu à ce monde de brutes.Le groupe de cosmétiques pourrait faire école... De plus en plus, des entrepreneurs, des créateurs d'entreprise n'hésitent plus à pousser la porte des cabinets d'avocats spécialisés en droit boursier pour parler d'un retrait de la cote. Excédés eux aussi par les contraintes que les marchés leur imposent en termes d'information financière - Bruxelles n'a-t-il pas imposé un calendrier qui nous oblige à sacrifier nos vacances d'été ? - et un brin agacés par leur logique court-termiste qui fait la chasse à la dilution. Alors pourquoi pas moi ? Car, finalement, dans des marchés en forte baisse, à quoi sert la Bourse ? Apparemment à pas grand-chose. À tel point que, pour lever des fonds, j'en viens à me demander s'il n'est pas plus intéressant aujourd'hui de tendre la sébile aux banques ou aux capital-risqueurs pour solliciter un prêt. Les marchés valorisent maintenant tellement mal les sociétés. Que j'en ai même oublié pourquoi, un jour, je lui ai trouvé des attraits. Au fait, c'est quoi le dicton ? " Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage " ?
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