Deuxième trimestre perdant pour le dollar

La perception par les marchés d'une Réserve fédérale décrispée à l'égard de l'inflation, après la dix-septième hausse consécutive de ses taux directeurs décidée jeudi, a fait flancher le dollar, qui a abandonné tous ses gains récents. C'est bien le mot perception qui compte, car depuis maintenant un mois, les acteurs du marché des changes vivent au gré de leurs sensations sur l'avenir de la politique monétaire américaine, dont la trajectoire linéaire de resserrement a constitué l'atout majeur du billet vert en 2005. C'est la percetion d'une possible hausse d'un demi-point, et non plus du traditionnel quart de point, du taux cible des fonds fédéraux à l'issue du conseil de la Fed du 29 juin, qui avait sous-tendu le vigoureux rebond du dollar.Deux événements. Or, deux événements sont intervenus depuis jeudi qui ont calmé leurs craintes de fermeture trop brutale du robinet monétaire. D'abord le communiqué de la Fed qui a suivi l'annonce d'une hausse des "fonds" de 5 % à 5,25 % seulement, dans lequel ils ont cru détecter une moindre inquiétude des "Sages" du conseil envers l'inflation que Ben Bernanke, son président avait jugée "inacceptable" le 5 juin dernier. Soulignant une modération de la croissance depuis le premier trimestre (où le PIB a bondi de 5,6 % en ryhtme annuel), la Fed a pourtant indiqué que l'inflation de base (défalquée des éléments volatils que sont les produits énergétiques et alimentaires) demeurait élevée. Lecommuniqué a semblé modéré au regard des attentes de ceux qui anticipaient un ton plus agressif.Du coup, comme à la mi-avril, l'idée d'une pause dans le cycle de hausse des taux dès la réunion de son conseil du 8 août a refait surface. Second événement: les ménages américains ont été moins boulimiques en mai, limitant la progression de leurs dépenses à 0,4%, contre 0,7% en avril. Mais surtout le baromètre des prix attaché à ces dépenses, la mesure favorite de la Fed de l'inflation sous-jacente, ne s'est accru que de 0,2 % sur le mois et 2,1 % en glissement annuel. Le diagnostic de ralentissement de la croissance annoncé et souhaité par la Fed serait peut-être en train de prendre corps, ont estimé les acteurs du marché des changes, qui ont lâché le dollar. Il est retombé vendredi à 1,2785 pour un euro, après avoir poussé une pointe à plus de 1,25 une semaine auparavant. Solde du trimestre qui s'est achevé : le dollar a enregistré ses plus fortes pertes depuis l'été 2004. Mais sa trajectoire future reste aussi incertaine que celle des taux de la Fed.
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