Le Congrès se penche sur le statut des agences de notation

Une véritable révolution est en marche dans le milieu des agences de notation financière. À une écrasante majorité, les élus de la Chambre des représentants se sont prononcés en faveur d'une réforme visant à mettre fin au " duopole " exercé par Moody's Investors Service et Standard and Poor's (S&P). Par 255 voix contre 166, la Chambre a adopté un projet de loi qui annule l'une des prérogatives phares de la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme des marchés financiers américain : l'approbation du statut de référence des agences de " rating ". Aucune date n'a été fixée pour l'examen de ce texte par le Sénat, mais Richard Selby, le président de la commission bancaire de la Chambre haute, s'est engagé à le présenter " prochainement " à ses pairs.Approuvée par la Maison-Blanche, la version adoptée en première lecture abolit la notion de " reconnaissance " des agences et autorise l'exercice de ce métier à toute entreprise pouvant justifier de trois années d'expérience dans ce domaine.Défaillances passées. Si le Sénat, également contrôlé par le Parti républicain, abondait dans le sens de la Chambre, S&P, Moody's, Fitch Ratings, A.M. Best et Dominion Bond Rating Service - les agences " reconnues " par la SEC depuis 1975 - perdraient donc leur statut spécifique... et peut-être des parts de marché. L'an dernier, S & P a revendiqué 40 % du marché global des notations, contre 39 % pour Moody's et 15 % pour Fitch. À l'origine du texte adopté par la Chambre, le républicain Michael Fitzpatrick estime qu'en " encourageant la concurrence dans ce secteur, les coûts et pratiques anticoncurrentielles seront réduits, la qualité des évaluations sera meilleure et les agences seront poussées à innover ".Les partisans de la réforme reprochent à Moody's et S & P de n'avoir pas dégradé la notation des sociétés Enron et WorldCom avant leur faillite, intervenue en 2001 et 2002. Quatre jours avant qu'il ne se place sous la protection de la loi sur les faillites, le courtier en énergie texan était toujours classé dans la catégorie " investment grade ". Majoritairement opposé à la réforme, le camp démocrate est très partagé sur la question. Ses opposants estiment qu'il ouvre une boîte de Pandore qui ne laissera pas les marchés insensibles. " Son résultat est, bien sûr, prévisible ", estime Earl Pomeroy, élu du Dakota du Nord, craignant que " les évaluations des agences deviennent de qualité très divergente ". " Cette loi va sacrifier la qualité ", a ajouté Doris Matsui, représentant de Californie.
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