De nouveaux géants bancaires en quête de règles à leur mesure

En ce 17 juin 2009, en présence du chancelier de l'Échiquier et devant un parterre de banquiers lors du traditionnel banquet du lord mayor de la City, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mervyn King, jette un pavé dans la mare : « Aucune banque n'est trop grande pour échapper à la faillite », assène-t-il devant un parterre en queue-de-pie médusé. Le syndrome du « too big to fail », qui a alimenté les chroniques depuis la faillite de Lehman en septembre 2008, est dans toutes les têtes. Or, derrière son cortège de nouvelles dramatiques pour l'industrie financière, la crise a donné naissance à de nouveaux mastodontes plus puissants que jamais. C'est le cas de JP Morgan après l'absorption de Bear Stearns et Washington Mutual, de Bank of America avec la reprise de Countrywide et de Merrill Lynch, de Wells Fargo après l'acquisition de Wachovia, de Barclays après la reprise des activités américaines de Lehman ou encore de Goldman Sachs qui, sans acquisition, n'a jamais été aussi puissante.activités séparéesAlors que les États, et donc in fine les contribuables, ont déversé des centaines de milliards dans le système financier pour le remettre d'aplomb, la question de la survie de ces nouveaux mastodontes, lors d'une éventuelle prochaine crise, est posée. Sur ce point nul n'est prophète en son pays. Ainsi, Mervyn King réitère son discours début décembre en soulignant que l'existence d'établissements gigantesques est « impossible à concilier avec une discipline de marché dans une économie de marché libre ». Mais il trouve dans sa propre ville de fervents opposants à la séparation des activités bancaires. Le chancelier de l'Échiquier et le patron du régulateur britannique (FSA) rejettent toute éventualité d'un retour au fameux Glass-Steagall Act américain, né en 1933, enterré en 1999, qui créait une incompatibilité entre la banque traditionnelle vouée au financement des ménages et des entreprises par intermédiation et les activités de banque d'investissement plus risquées (la « banque casino »). Leur argument : une simple banque de détail comme Northern Rock a ébranlé tout le système britannique en faisant faillite.Mais le débat est ouvert, y compris aux États-Unis. Dans le cadre de la réforme de la régulation financière, deux sénateurs, l'un démocrate, l'autre républicain (l'ancien candidat à la présidentielle John McCain), demandent conjointement le rétablissement du Glass-Steagall Act. C'est finalement Jamie Dimon, patron de JP Morgan, qui fait la synthèse : la taille des établissements financiers n'est pas un enjeu en soi. Aussi grandes soient-elles, les banques doivent pouvoir faire faillite à condition que ce ne soit pas au détriment du contribuable ou de l'économie réelle, estime-t-il. La contrepartie est forte : donner les pleins pouvoirs au régulateur pour gérer ces défaillances et, en cas de besoin, changer le management, céder des actifs ou exproprier des actionnaires. C'est ce à quoi travaillent aujourd'hui les régulateurs de la finance mondiale : être en mesure d'accompagner la réduction des activités des banques en souffrance, voire leur disparition.
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