Les gérants alternatifs ne sont pas prêts à réduire leurs frais

Après une baisse moyenne de leur performance de 18,3 % en 2008, les hedge funds ont retrouvé de leur allant l'an passé. L'indice calculé par Eurekahedge, fournisseur de données sur l'industrie, a gagné 19,46 % en 2009. Dans le même temps, les encours gérés sont passés de 1.300 milliards à 1.500 milliards de dollars. Ce rebond a mécaniquement un impact sur la rémunération des professionnels puisqu'elle est composée de frais fixes de gestion, majorés de commissions de surperformance. Si historiquement, la règle accorde 2 % de frais fixes de gestion et 20 % de commissions de surperformance, la crise a entraîné une légère pression à la baisse. La structure est aujourd'hui plutôt 1,5 %-15 %. Cette tendance va-t-elle se poursuivre en 2010 ? « Dans notre Hedge Fund Fee Survey de janvier 2010, 88 % des 96 gérants de single hedge fund et de fonds de hedge funds interrogés ont répondu non, indique Muriel Nahmias, directrice des études chez Bfinance. Parallèlement, les institutionnels sont plus nombreux à vouloir augmenter leur allocation en gestion active. » Dans l'ensemble, les gérants ne sont pas prêts à réduire leurs frais, considérant avoir atteint un plancher. Ils estiment aussi que la crise a fait le ménage dans l'industrie et qu'il ne reste que les meilleurs. Négocier des réductions de frais devient quasi impossible.Dans le détail, les gérants sont moins nombreux qu'il y a un an à envisager une baisse des frais fixes, des commissions de surperformance ou du « hurdle rate » [taux à partir duquel les ?performances fees? sont calculées, Ndlr]. À titre d'exemple, 4 % des professionnels interrogés s'attendent à voir baisser le « hurdle rate » contre 11 % en 2009. Pour ce qui est du « lock-up », c'est-à-dire les conditions de sorties, « les gérants sont plus ou moins prêts à pratiquer un rabais sur les frais, notamment les frais fixes, en fonction de la période de blocage des investissements, note la consultante : pour un an ils ne sont que 29 %, mais 71 % avec un blocage de trois ans ».Qu'en pensent les investisseurs ? Pour le savoir, Bfinance a réalisé, pour la deuxième année, le « Bfinance Institutionnal Investors Fee Survey ». Le cabinet de conseil a interrogé 48 grands fonds de pension et assurance. Il ressort que les institutionnels ne sont pas opposés à payer des commissions. « La question des frais est en général secondaire à condition que la performance soit au rendez-vous. Ce qui est crucial, c'est de sélectionner les ?bons? gérants », précise Muriel Nahmias. Ils considèrent d'ailleurs que le prix de leurs mandats est juste par rapport à la performance délivrée. Ils cherchent à négocier, à la baisse, des frais fixes (66 %) mais ils ne sont que 15 % à souhaiter voir leurs commissions de surperformance diminuer contre 20 % l'an dernier. Mais si les institutionnels acceptent de payer des frais de surperformance, ils sont 46 % à réclamer qu'ils soient calculés sur au moins quatre ans. Cela a du sens dans la mesure où la qualité d'une gestion s'apprécie sur le moyen-long terme et non sur un an.ÉchangeCertains estiment même que les commissions de surperformance devraient être calculées une fois le mandat terminé. Quant au « lock-up », les investisseurs sont un peu plus enclins que l'année dernière à concéder une moindre liquidité en échange d'un discount sur les frais de gestion. Ils sont aujourd'hui 44 % contre 55 % un an plus tôt. Et pour les 56 % acceptant un « lock-up », ils sont 26 % à accepter un blocage d'un an, 12 % deux ans et 18 % trois ans. En contrepartie, ils attendent des rabais sur les frais de 13,6 %, 17,5 % et 24,3 % en fonction de la durée d'immobilisation. Au final, l'offre en termes de frais ne correspond pas à ce que les institutionnels attendent.
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