Telecom Italia et Fastweb accusés de fraude fiscale massive

Les dirigeants de Telecom Italia se déclarent totalement étrangers à l'affaire. Mais le scandale qui a éclaté la semaine dernière, qualifié par le juge romain Aldo Morgigni de « l'une des plus colossales fraudes de l'histoire italienne », éclabousse fortement le cinquième opérateur de télécommunications européen. À tel point que Telecom Italia n'a pu approuver jeudi ses comptes 2009, se limitant à publier des estimations de résultats et renvoyant l'approbation des comptes au 25 mars.Au centre de l'enquête figure principalement Silvio Scaglia, fondateur et ancien patron de Fastweb, deuxième fournisseur d'accès Internet haut débit en Italie racheté, en 2007, par Swisscom. Arrêté jeudi et incarcéré à la prison de Rome, celui-ci est soupçonné d'avoir mis sur pied un vaste système de fraude fiscale grâce à la vente de services téléphoniques fictifs à l'international, à travers des sociétés écrans installées à l'étranger.Entre 2003 et 2006, Fastweb mais aussi Telecom Italia Sparkle (filiale de Telecom Italia) auraient ainsi transféré pour environ 2 milliards d'euros hors d'Italie, évitant ainsi d'acquitter la TVA. Au total, selon les enquêteurs, la manoeuvre aurait représenté un manque à gagner de 365 millions d'euros pour le fisc italien. La justice a émis 56 mandats d'arrêt, y compris à l'encontre de l'homme d'affaires Gennaro Mokbel, soupçonné d'être lié à la mafia calabraise. Les autorités italiennes ont par ailleurs saisi près de 300 millions d'euros de crédits et de liquidités à Telecom Sparkle.les deux titres sanctionnésLes responsables de Telecom Italia, comme d'ailleurs ceux de Fastweb, assurent qu'ils n'ont rien à voir avec ce trafic et affirment qu'ils ont été abusés. L'administrateur délégué de l'opérateur téléphonique, Franco Bernabè, s'est déclaré disponible à apporter sa « plus large collaboration » à la justice.Le marché a lourdement sanctionné Telecom Italia. En quatre jours, à la Bourse de Milan, l'action est passée de 1,11 à 1,05 euro, et la capitalisation a fondu de 1,3 milliard d'euros. Fastweb a cédé de son côté près de 16 %. « L'entreprise est saine, il nous faut défendre 8.000 emplois », a insisté Stefano Parisi, l'administrateur délégué de Fastweb (lui aussi concerné par l'enquête), qui craint la mise sous tutelle de la société.Mardi 2 mars, le juge de Rome devra en effet décider de l'éventuelle mise sous administration judiciaire de Fastweb et de Telecom Italia Sparkle. Après avoir « par prudence » décidé de retarder la publication des comptes de Telecom Italia, Franco Bernabè, directeur général de l'opérateur, se déclare néanmoins « assez optimiste ».répercussionsMais le scandale pourrait avoir des répercussions sur le futur de l'opérateur italien. Hasard de calendrier ou relation de cause à effet ? Vendredi, Cesar Alierta, le président de l'espagnol Telefonica, a tenu à démentir publiquement les rumeurs qui, depuis des mois, évoquent une prochaine fusion entre les deux groupes. Telefonica contrôle 46 % de Telco, la société financière qui détient à son tour 22,5 % de Telecom Italia. Éric Jozsef, à Rome
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