L'escalade des prix du fer se poursuit

La rumeur commence à prendre corps : au troisième trimestre, le brésilien Vale, premier producteur mondial de minerai de fer, devrait continuer d'aligner ses contrats sur les cours du marché au comptant (spot). Le minerai, dont le prix est désormais établi par trimestre, pourrait grimper de 35 % à 145 dollars par tonne, si l'on en croit le journal « O Estado de S. Paulo ». Ce qui correspond au prix moyen constaté sur l'indice Platts pour un minerai concentré à 62 % entre mars et mai. Les trois principaux indices - Platts, The Metal Bulletin et The Steel Index -, font état d'une forte hausse du prix des échanges « spot », malgré le reflux constaté depuis deux semaines. Les autres grands producteurs de minerai, BHP Billiton et Rio Tinto, devraient logiquement imposer des hausses de prix comparables.L'inflation du minerai risque d'accélérer la consolidation d'un secteur de l'acier encore très éclaté. La hausse du minerai est en effet trop brutale pour être répercutée sur les prix de vente des sidérurgistes, qui évoluent sur des marchés convalescents. Les moins rentables d'entre eux risquent donc d'être pris au piège. Le manque de visibilité du mécanisme s'est attiré des opposants, à l'instar de l'équipe matières premières de la banque australienne Macquarie. « Sans transparence, personne ne sait quel producteur de minerai ou d'acier peut prendre l'avantage. De nombreux investisseurs sont désenchantés par cette incertitude et préfèrent rester à l'écart du secteur », assure la banque. Ce qui pourrait dorénavant avoir un impact négatif sur les cours.Mais les plus inquiets de cette évolution restent les sidérurgistes, notamment européens, qui protestent par la voix de leur lobby Eurofer depuis le début de l'année. Hier, ce fut au tour du président de l'allemand ThyssenKrupp d'afficher sa farouche opposition à la financiarisation du secteur du minerai de fer dans le magazine « Der Spiegel ». « Les opérations de dérivés telles qu'elles sont faites aujourd'hui par les banques et par les fonds ont besoin en urgence d'être régulées », a déclaré Ekkehard Schulz, estimant que l'intrusion d'intermédiaires financiers faisait planer le risque d'une bulle spéculative sur le secteur de l'acier. La multiplication des offres de produits dérivés autour du minerai de fer, qui s'appuient principalement sur les indices de Platts, auraient selon lui une influence haussière sur les cours. Le gouvernement allemand se serait engagé à évoquer cette question lors de la prochaine réunion du G20 à Toronto, fin juin. n
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