La Birmanie, un nouvel Eldorado pour le made in France ?

Annoncée en octobre, l’ouverture du bureau Ubifrance de Rangoun, la principale ville du pays, a été officiellement célébrée cette semaine par Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur. Alors que la République de l’Union de Birmanie se libéralise progressivement depuis 2011, la France espère ainsi ne pas se lancer distancer sur ce tout nouveau marché de 54 millions d’habitants qui, si la modernisation des infrastructures se poursuit, a le potentiel pour une devenir une plate-forme commerciale majeure en Asie du sud-est.Pour que cette hypothèse se réalise, il faudrait au préalable que le régime actuel, au sein duquel l’armée continue de jouer un rôle déterminant, normalise ses relations avec la Chine, la Thaïlande, l\'Inde, le Laos et le Bangladesh, ses voisins immédiats. Avec la plupart de ses pays, la junte militaire au pouvoir pendant plus de cinquante ans a entretenu des relations très instables.L\'aéronautique et la pharmacie, deux poids lourdsEn attendant, les exportations françaises en direction de la Birmanie sont en pleine accélération. Entre janvier et mai, celles-ci ont frôlé les 24 millions d’euros, dont près de 13 millions dans le domaine aéronautique et 5 millions de produits pharmaceutiques. Un chiffre à comparer aux « performances » réalisées en 2011 et 2012. Au cours de ces deux années, elles se sont respectivement élevées à 17,5 et 19,2 millions d‘euros.Les importations sont également en plein essor. Cumulées sur les cinq premiers mois de l’année, elles ont atteint 20,4 millions d’euros, dont 18,9 millions d’articles de joaillerie er de bijouterie selon les Douanes. En 2011, les importations en provenance de Birmanie tutoyaient les 3 millions d’euros pour doubler en 2012. Toutefois, malgré cette accélération rapide des échanges entre les deux pays, ils sont encore peu de choses au regard du montant global des exportations françaises : plus de 180 milliards d’euros au cours des cinq premiers mois de l’année.Les grands contrats aux grands groupesParmi les 110.000 exportateurs recensés en France, qui devrait surtout bénéficier de l’ouverture du pays ? Les PME, qui représentent 99% des entreprises exportatrices ? C’est peu probable. Si la Birmanie décide d’intensifier la modernisation de ses infrastructures de transports, de ses réseaux d’assainissement et de son secteur énergétique, seuls les grands groupes devraient tirer profit de la signature de ces grands contrats.Les PME devront donc attendre quelques années avant qu’une classe moyenne ayant soif de produits occidentaux émerge dans ce pays considéré comme l’un des plus corrompus et les plus pauvres au monde. En très grande majorité rurale, la population ne profite pas de la manne pétrolière qui alimente les finances publiques, ni réellement du tourisme, en raison de la faiblesse des structures d’accueil et d’hébergement. La pauvreté est toujours endémique. Selon l\'ONU-Habitat, au moins 40% des quelque 5 millions d\'habitants de Rangoun sont « pauvres ou extrêmement pauvres », obligés de survivre « au jour le jour », souvent dans des logements insalubres ou des installations illégales.  
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