Changement dans la douleur à la tête de Lazard à Paris

que d'affaires Lazard ne change pas. C'est aujourd'hui que le duo formé par Erik Maris et Matthieu Pigasse prend la tête du bureau parisien. Un tandem surprenant entre deux personnalités très différentes, mais surtout, qui ne s'apprécient guère. Il y a deux semaines, ce changement de génération avait été interprété comme une révolution, donnant un coup de jeune et une nouvelle dynamique à la banque. Que nenni ! Derrière cet affichage de façade se cachent des conflits d'hommes comme il y en a toujours eu dans l'univers feutré de la célèbre banque d'affaires.Au début de l'année, la banque envisage de modifier sa gouvernance à Paris. New York veut reprendre la main sur le bureau de Paris, dirigé de manière très autonome par Georges Ralli. Mais les Américains rencontrent une opposition. « Lazard Paris est une somme d'individus. Nous ne sommes pas Goldman Sachs », explique un associé. À ce moment, l'associé vedette, Matthieu Pigasse, fait valoir sa candidature auprès des dirigeants de New York dont il est proche. Il trouve sur sa route Georges Ralli, le patron du bureau de Paris. Les deux hommes ne s'apprécient pas du tout. Le second reproche au premier son ambition démesurée et sa personnalité « people », toujours dans les médias. Matthieu Pigasse, lui, refuse de rentrer dans le rang. Le conflit est ouvert. À New York, au siège de la banque, cette crise déplaît au PDG Bruce Wasserstein. En juin, la rumeur annonce que Matthieu Pigasse pourrait prendre seul la tête de Lazard à Paris. En interne, plusieurs associés font savoir qu'ils refusent ce schéma. D'autres comme Erik Maris ou Alexandra Soto manifestent eux aussi leurs ambitions.promotion inévitablePourtant, la promotion de Matthieu Pigasse est inévitable. Il entretient un volume d'affaires très important avec de nombreux clients. Il y a aussi une raison évidente, mais taboue, qui le rend incontournable. « Il a permis à tous les associés de s'enrichir grâce à l'introduction en Bourse », explique un ancien de la banque. En 2005, l'ancien conseiller de Bercy avait convaincu les Caisses d'Épargne d'entrer au capital de Lazard pour lui permettre sa mise en Bourse. L'opération a permis à chaque associé de la banque de recevoir gratuitement des actions qui leur ont fait gagner plusieurs millions de dollars. Cet argument pèse lourd au siège new-yorkais.À ce moment, Georges Ralli refuse que Matthieu Pigasse lui succède seul et veut imposer un proche : Erik Maris. Même réaction des associés. « Aucun des deux ne pouvait diriger seul le bureau de Paris », explique l'un d'entre eux. La nomination d'Alexandra Soto comme secrétaire générale (COO) est rapidement actée ; elle est légitime en interne. L'opposition entre les deux prétendants ne trouve pas d'issue. Début septembre, le bras droit de Bruce Wasserstein, Alex Stern, débarque à Paris pour calmer le jeu. Il faut enterrer la hache de guerre et signer la paix des braves. entente forcéeLes Américains ne réussiront pas cette fois à imposer leurs vues. Ils doivent se contenter d'un compromis. Erik Maris et Matthieu Pigasse sont contraints de s'entendre. Bruno Roger, 75 ans, continue de tirer les ficelles en coulisses et se maintient à la présidence des entités françaises. De son côté, Georges Ralli prend des fonctions européennes que beaucoup de banquiers interprètent comme une nette prise de recul. En interne, les déceptions sont fortes. Pour éviter une aggravation de la crise, la banque a choisi de faire plaisir à tout le monde plutôt que de trancher. Plusieurs associés pensent que ce tandem ne durera pas. La révolution n'est pas encore pour aujourd'hui.
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