Carrefour, une épine dans la stratégie du fonds

La méthode Bazin a déjà fait son oeuvre chez Carrefour. Mais elle n'a pas encore délivré ses résultats. Loin s'en faut : en 2007, le fonds s'est associé à Groupe Arnault, véhicule d'investissement de Bernard Arnault, pour entrer au capital de Carrefour au prix de 53 euros environ par action. Ensemble, ils ont investi près de 3 milliards d'euros. Or, trois ans après, le titre se négocie 35 euros, soit une moins-value latente de 33 %. Et l'avertissement sur résultats, que le groupe a lancé mardi, devrait anéantir tout espoir de toucher des dividendes sur 2010. Le groupe a porté ses provisions exceptionnelles à 550 millions d'euros, contre 180 millions initialement, après notamment un audit au Brésil. Carrefour ne dégagera que 3 milliards d'euros de résultat opérationnel, soit 130 millions de moins que prévu.L'annonce pèse un peu plus sur le titre Carrefour et dégrade encore l'investissement de Colony et Arnault. « Bernard Arnault peut patienter. D'autant que - plus que jamais - LVMH est une machine à cash. Mais Sébastien Bazin ne peut guère attendre », juge un analyste financier. Est-ce à dire que Lars Olofsson, directeur général de Carrefour, est désormais sous pression « Colonyale » ? Non, jure un représentant du fonds. Deux ans après sa nomination à la tête du groupe, le dossier de la valorisation des actifs fonciers de Carrefour, estimés à 14 milliards d'euros, reviendra sur le tapis en 2011. Colony Capital espère toujours introduire en Bourse une part du capital de Carrefour Property, foncière créée en 2005. Le projet de Colony a d'abord essuyé le refus de José Luis Duran. Le directeur général d'alors était fermement opposé à l'idée que les hypermarchés payent des loyers à un tiers, fût-il une filiale. La crise financière a enterré ce projet.Les vents seraient aujourd'hui plus favorables. Et en interne, ses farouches opposants ne sont plus là pour faire barrage : les Guy Yraeta, ex-patron des hypermarchés, Alain Souillard, son successeur, Gilles Petit, ancien de Carrefour Espagne, ont quitté la société peu après l'arrivée de Lars Olofsson. Seul Thierry Garnier, actuel directeur exécutif des pays émergents, pourrait rappeler comment le paiement d'un loyer fragiliseles marges des hypers. « Lars Olofsson, lui, se désintéresse complètement de l'immobilier », avance un ancien cadre. Et les nouveaux membres de la direction, des ex-Walmart, Tesco ou Procter & Gamble, n'ont pas de religion sur le sujet. Reste à convaincre le conseil d'administration. « Ses membres ne connaissent rien à la grande distribution », regrette un ancien cadre. Dès lors, la fenêtre de tir 2011 serait la bonne. Juliette Garnie
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