Plans sociaux  : des reclassements moins efficaces

Où sont les emplois un an après ? ». Vendredi, quelque 80 anciens salariés de New Fabris ont déployé cette banderole devant la mairie de Châtellerault (Vienne). Ils entendaient protester contre l'inertie des pouvoirs publics un an après la fermeture du site de l'équipementier automobile. Seule une minorité des 366 salariés a, en effet, retrouvé un emploi en dépit des promesses de Christian Estrosi, le ministre de l'Industrie, de ne laisser personne au bord de la route. Le cas des New Fabris ou des Molex (lire ci-dessous) est loin d'être isolé. Un an après la très grosse vague de plans sociaux et de fermetures d'usines, nombreux sont les salariés licenciés pour motif économique à n'être pas parvenus à reprendre pied sur le marché du travail. Seules 48 % des personnes qui ont bénéficié du soutien d'une cellule de reclassement en 2009 ont retrouvé un emploi douze mois après avoir été licenciées, contre 60 % en 2008, selon des données du rapport annuel de performances 2009. Et le taux tombe à 38,1 % pour les bénéficiaires de la convention de reclassement personnalisé (CRP), un dispositif qui avait été créé pour assurer aux salariés licenciés par une entreprise de moins de 1.000 salariés un meilleur suivi de la part de Pôle emploi. Plusieurs facteurs expliquent cette médiocre performance. En premier lieu, l'effet volume. Au cours de la seule année 2009, quelque 2.245 plans de sauvegarde de l'emploi (PSE, le nom officiel des plans sociaux) ont été lancés, soit plus de deux fois plus qu'en 2008 (1.061). Et 266.000 nouveaux chômeurs se sont inscrits à Pôle emploi après un licenciement pour motif économique, contre 185.000 en 2008, selon le bilan 2009 « Emploi, chômage, population active » qu'a diffusé vendredi le ministère du Travail. Conséquence, le stock de bénéficiaires des dispositifs d'accompagnement (CRP, cellules de reclassement... ) a explosé. Or, les prestataires - et particulièrement Pôle emploi empêtré dans la fusion ANPE-Assedic - n'étaient pas prêts à absorber un tel afflux. un dispositif défaillantSecond élément, la qualité très variable de l'accompagnement assuré par les cellules de reclassement. En janvier dernier, un rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) a dressé un bilan critique de ces structures « en particulier quant au nombre et à la qualité des reclassements opérés ainsi qu'à leur coût ». S'appuyant sur une étude menée en Champagne-Ardennes, le CESE relève, par exemple, que 48 % des adhérents ne se souviennent pas que la cellule leur ait proposé des offres d'emploi...En dépit des signes récents d'amélioration sur le marché du travail - stabilisation du chômage des jeunes, redémarrage de l'intérim ou net ralentissement du nombre de PSE -, le retour à l'emploi des premières victimes de la crise risque de prendre du temps. Surtout qu'en phase de redémarrage des recrutements, les employeurs ont tendance à embaucher en priorité des chômeurs inscrits depuis peu plutôt que des demandeurs d'emploi de longue durée.
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