La SNCF ne veut plus supporter seule les pertes liées aux trains Corail

L'arrivée de la concurrence dans le transport ferroviaire international de voyageurs presse la SNCF de trouver une solution pour ses trains Corail. L'opérateur ferroviaire national ne veut plus supporter les pertes de cette activité structurellement déficitaire, qui entre dans le cadre de l'aménagement du territoire, rappelle-t-il.Selon nos informations, la SNCF réclame un contrat de service public pour les trains Corail. Concrètement, elle souhaite obtenir des aides, alors que les pertes de cette activité, intégrée dans la branche SNCF Voyages aux côtés des TGV, seraient de quelque 200 millions d'euros d'exploitation par an, et que le matériel commence à être vétuste et doit être changé. Dans ce cadre, l'opérateur s'attend dans les quatre à cinq ans « à une butte » de l'ordre de 1 à 1,5 milliard d'euros. « L'État et les collectivités travaillent dessus. C'est une affaire de quelques semaines pour trouver une solution », indique un très bon connaisseur du dossier. Une partie de la solution pourrait, d'ailleurs, se trouver du côté de la réforme de la taxe professionnelle, à laquelle la SNCF participait à hauteur d'environ 680 millions d'euros. « Il y a un débat entre l'État et la SNCF. Les principes se dessinent, mais le montage financier est plus compliqu頻, confirme-t-on au gouvernement.la patate chaudeLa SNCF n'en est pas à son premier galop d'essai pour essayer de se retirer cette épine du pied. De nombreux trains ont déjà été supprimés. « Les trains Corail, c'est la patate chaude de Mireille Faugères, la directrice de SNCF Voyages. Cette dernière ne veut plus enregistrer de pertes sur ces produits », souligne un observateur. Pas question pour autant d'abandonner un aspect essentiel de l'aménagement du territoire. « La SNCF a déjà essayé de nous faire participer au financement des trains entre Bordeaux et Lyon. Elle avait aussi voulu nous solliciter sur les trains de nuit, explique un membre de conseil régional. Mais la faible rentabilité du Corail n'est pas une raison suffisante. » « Ce n'est pas un sujet pour les collectivités. C'est un sujet de liaisons nationales, qui ne concerne, du coup, que l'État et la SNCF », précise-t-on au gouvernement. De fait, les conseils régionaux sont déjà très largement impliqués dans le financement des TER, les trains de la vie quotidienne.« Pourquoi la SNCF n'assumerait-elle plus les pertes des trains Corail », se demande toutefois un spécialiste ? « Dans le cadre de la loi Loti [loi d'orientation des transports intérieurs, Ndlr] de 1982, il était prévu que les bénéfices de la SNCF payent le Corail », rappelle un syndicaliste. L'arrivée de la concurrence change sans doute la donne, notamment du côté du gouvernement, ce dernier étant conscient qu'il y a un problème de renouvellement de matériel. Plus la SNCF épongera de pertes sur les trains Corail et devra investir dans ce domaine, moins elle aura de moyens pour affronter la concurrence. Le 13 décembre prochain, le marché français va ouvrir ses portes aux opérateurs étrangers sur les lignes internationales. Pour l'heure, seul un opérateur italien s'est porté candidat dès le jour J. « La concurrence restera marginale dans les dix ans qui viennent », dit un expert. Mais le marché est juteux. Et la concurrence, dans le domaine du fret ferroviaire, pourtant réputé difficile, n'a mis que trois ans pour s'accaparer quelque 13 % du marché.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.