Les petits génériqueurs peinent à gagner de l'argent

Si les pharmaciens sont soupçonnés de trop bien gagner leur vie grâce aux génériques, ce n'est pas le cas des fabricants eux-mêmes. « La rentabilité des génériqueurs reste faible en France », déplore un industriel. Selon lui, seuls les deux premiers industriels hexagonaux, l'américain Mylan et Biogaran (groupe Servier), parviendraient à dégager un bénéfice opérationnel, de l'ordre de 5 à 10 %. « Teva (groupe israélien) et Sandoz (suisse) sont peu ou prou à l'équilibre, les autres perdent régulièrement de l'argent », complète-t-il.Pourquoi dès lors, les plus petits acteurs restent-ils sur le marché ? « Ils ont l'espoir de profiter des prochaines pertes de brevets pour rattraper leur retard. Et ils ne veulent pas abandonner la France, quatrième marché pharmaceutique mondial, qui développe des mesures importantes pour promouvoir le générique », reconnaît un bon connaisseur du secteur.En attendant, pour être rentable, mieux vaut être gros. « Cela tient à la structure de coûts. Les effets d'échelle jouent sur les coûts de production - ils peuvent faire baisser de 30 % le prix de revient d'un médicament - et sur la force de vente (les visiteurs pharmaceutiques) », indique Patrick Biecheler. D'autant que le marché français du générique suit des règles drastiques pour les industriels. « Le prix fabricant hors taxes d'une spécialité est fixé lors de son lancement à ? 55 % du prix du produit de référence. Il s'agit du plus fort taux de décote appliqué en Europe parmi les marchés administrés. Le prix est de nouveau baissé de 7 % après dix-huit mois de commercialisation, et peut ensuite être soumis à des baisses spécifiques », détaille le Gemme, le syndicat du secteur.Le low cost, voie d'avenirFace à de telles contraintes, les industriels tentent d'imposer leur marque aux pharmaciens. L'enjeu est réel : par souci de facilité, les officines ne choisissent en pratique que deux à trois fournisseurs, quand le marché hexagonal en compte... une trentaine. Le grand public n'est pas oublié. Mylan et Biogaran ont recouru à des campagnes télévisuelles ces dernières années. « Leur avantage : n'ayant pas de nom de produit, les génériqueurs n'ont qu'une seule marque à faire connaître », note un expert. Mais l'évolution du marché ne va pas dans le sens d'une multiplication des acteurs. Pour les génériques classiques, « seuls les industriels capables d'adopter un modèle low-cost survivront », note l'expert. L'arrivée de biosimilaires, copies de médicaments biotech, augmente les coûts et complexifie la fabrication. Elle plaide aussi pour une consolidation du marché. A. T.
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