Il s'en est fallu de peu pour que Roman Polanski ne puisse achever le tournage de son « Ghost Writer » fin avril. Lorsqu'il a été interpellé par la police helvétique au mois de septembre, le réalisateur et son équipe étaient en phase de montage. Il aurait transmis ses consignes via son avocat depuis sa cellule suisse. Désormais assigné à résidence dans son chalet de Gstaad, il a été le grand absent du festival du film de Berlin où le film était récompensé d'un ours d'argent.Tiré du roman « l'Homme de l'ombre », de Robert Harris, coscénariste, « The Ghost Writer » c'est-à-dire « le nègre » ou « le teinturier », bref la personne mandatée pour écrire à la place d'une autre, met en scène Ewan McGregor dans la peau d'un écrivain dépêché par son éditeur auprès de l'ex-Premier ministre britannique, Adam Lang (Pierce Brosnan, tout en retenue) pour écrire ses mémoires. À peine débarqué aux États-Unis, où le ministre et son équipe se terrent sur une île perdue balayée par les vents du New Jersey, le nègre découvre que son prédécesseur y est mort noyé dans des circonstances troublantes. Et à peine fait-il connaissance avec son sujet, qu'un scandale éclate. Ce dernier est accusé d'avoir livré des prisonniers de guerre à la CIA, avant qu'ils ne meurent en détention, victimes des méthodes d'interrogatoire « musclées » des services secrets américains. La tension monte dans la tour d'ivoire du ministre, qui fait désormais l'objet d'un mandat d'arrêt international.thriller tendu et captivantComme à son habitude, le réalisateur transgresse à peine les codes du genre auquel il s'attaque. Ici, l'ambiance du thriller est respectée, malgré certains éléments perturbateurs. La photo, hyper léchée, est signée Pawel Edelman, déjà à l'oeuvre sur « le Pianiste ». Les personnages secondaires se révèlent extrêmement justes et... pas si secondaires que cela.Olivia Williams joue la femme d'Adam Lang, tantôt épouse délaissée, tantôt intrigante et sûre d'elle. À noter également la présence de Kim Cattral, (Samantha, dans la série « Sex and the City »), qui campe la secrétaire particulière du ministre, véritable pendant de Mme Lang.Au final, Polanski livre avec maestria un thriller tendu et captivant. D'aucuns verraient d'ailleurs dans « The Ghost Writer » un pied de nez à l'actualité. Poursuivi par la justice de son pays, la Grande-Bretagne, et par la justice pénale internationale, Adam Lang trouve refuge... aux États-Unis, ici présentés comme la dernière zone de non-droit. Alors que la justice américaine réclame l'extradition du réalisateur franco-polonais depuis près de trente ans... n

latribune.fr

02 Mars 2010, 23:20

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