« ? Rusal va renforcer ses positions en Europe ? »

Comptez-vous de nouveau faire appel aux marchés financiers après votre entrée en Bourse de janvier dernier ?Nous venons de vendre 11 % des actions Rusal, ce qui est suffisant pour faire face à nos obligations envers nos créanciers. Nous ne prévoyons pas de faire de nouveau appel aux marchés dans l'immédiat. En revanche, nous envisageons d'émettre des actions sur le marché russe dès que la législation nous le permettra. Étant domiciliés à Jersey, nous devons attendre qu'il soit possible de placer des produits de type ADR/GDR sur le marché russe, comme cela se fait pour les sociétés russes cotées sur le LSE ou le Nyse.Pourquoi choisir le marché russe alors que vous êtes déjà sur les places de Hongkong et Euronext ?Il me semble logique de proposer nos actions aux investisseurs russes dans la mesure où 15 % de notre production est vendue localement et parce que l'essentiel de nos capacités de production se situe sur le territoire russe. Ce placement secondaire améliorera en outre la liquidité du titre.Quel bilan dressez-vous de cette introduction en Bourse simultanée à Hongkong et sur Euronext ? Le titre a commencé par reculer sévèrement. Il a perdu 17 % à Paris depuis sa cotation.C'est une étape très importante de notre développement et nous sommes persuadés qu'à long terme notre valorisation va croître. Malheureusement, nous sommes arrivés dans une période d'effondrement des cours. Cela dit, notre concurrent chinois Chalco a subi les mêmes fluctuations. La performance de notre titre est similaire à celle du marché. Les banques d'investissement, qui furent nos partenaires pour le placement, vont commencer à publier des rapports et analyses financiers régulièrement à partir du 3 mars. Cela va contribuer à éveiller l'intérêt des investisseurs.Rusal a été le premier groupe russe à tenter l'option Hongkong et Euronext. Pensez-vous que d'autres suivront cette voie ?Nous avons effectivement ouvert la voie. Jusqu'ici, la seule option pour les Russes était l'Occident, les marchés londonien et new-yorkais. Ce choix de l'Asie est parfaitement logique pour des groupes orientés sur les matières premières du fait de l'énorme consommation chinoise, qui ne fait que croître. D'autre part, une cotation simultanée sur Euronext nous permet d'être cotés 24 heures sur 24 et ouvre l'accès aux investisseurs américains et européens qui ne sont pas présents à Hongkong. Ce faisant, nous avons simplement augmenté notre capacité à répondre à la demande de titres. C'est un très bon équilibre. De nombreuses sociétés russes ont suivi ce placement avec un grand intérêt. J'ai personnellement discuté avec plusieurs dirigeants de sociétés russes et d'ex-URSS. Ceux qui ont beaucoup de clients en Asie sont très intéressés par Hongkong.Votre gigantesque dette, qui atteignait 27 milliards de dollars fin 2009, a fortement inquiété vos créanciers. Dans quelle mesure pèse-t-elle sur le développement de Rusal ?Nous venons de rembourser 2 milliards à nos créditeurs. Nos marges frôlent les 25 % et notre cash-flow va nous permettre de rembourser facilement 3 milliards de dette avant leur terme de 2013. Il est possible que nous trouvions des sources de financement supplémentaires pour relancer les investissements d'ici là. Nous sommes déjà en négociation avancée avec des créanciers.Quels sont vos projets de développement à l'international ?Dans l'immédiat, notre développement se concentre en Sibérie, pour la simple raison que notre avantage compétitif majeur tient aux bas tarifs de l'électricité. Nous y avons deux projets fantastiques : les fonderies de Bogoutchansk et Taïshet, qui vont apporter une capacité de plus de 1 million de tonnes supplémentaires par an. Mais au préalable, nous devons achever la construction du barrage hydroélectrique de Bogoutchansk et rembourser 3 milliards de dollars de dettes.La crise a-t-elle significativement modifié la structure des exportations de Rusal ?Nous exportons 85 % de notre production. Notre principal client est l'Europe, qui achète 40 % de notre production, tandis que nous fournissons environ 50 % de la demande européenne. Nous comptons beaucoup sur ce marché et nous allons y consolider nos positions pour la bonne et simple raison que la production locale d'aluminium est dans une situation complexe. L'augmentation constante des tarifs de l'électricité réduit considérablement les marges des producteurs européens et nous donne un gros avantage compétitif. Vient ensuite l'Asie, avec 30 %. La Chine achète 10 % de notre production. Les États-Unis représentent 10 %, et le reste du monde, 5 %.Les fonderies sibériennes de Rusal sont proches du fabuleux marché chinois. Mais ne craignez-vous pas l'essor des concurrents locaux ?La croissance de la demande chinoise pour l'aluminium devrait atteindre 15 % à 23 %, soit 3 millions de tonnes supplémentaires cette année. Quant aux concurrents chinois, ils connaissent une pression considérable sur les tarifs électriques, ce qui nous donne un avantage concurrentiel croissant en perspective. Si un plancher du cours de l'aluminium s'est formé récemment autour de 2.000 dollars, c'est en large partie dû au fait qu'il s'agit du seuil de rentabilité des producteurs chinois. Propos recueillis à Moscou par Emmanuel Grynszpan bloomberg«?Une cotation simultanée sur Euronext nous permet d'être cotés 24 heures sur 24 et ouvre l'accès aux investisseurs américains et européens qui ne sont pas présents à Hongkong.?»L'augmentation constante des tarifs de l'électricité réduit considérablement les marges des producteurs européens.Notre cash-flow va nous permettre de rembourser facilement 3 milliards de dette avant leur terme de 2013.
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