Le sommet européen mécontente beaucoup en Allemagne

La pilule a du mal à passer de l’autre côté du Rhin. Alors que les media français se montrent optimistes à la suite du sommet européen jeudi et vendredi, leurs homologues allemands sont eux bien plus critiques. Ainsi la Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur une « union de la dette qui se rapproche », alors que pour la Süddeutsche Zeitung, « le risque bancaire espagnol est transféré sur le contribuable européen ». De son côté le quotidien populaire Bild, aux 13 millions de lecteurs, estime que« les chefs d’Etats et de gouvernements se conduisent comme un conducteur qui, fonçant droit dans un mur, accélère encore sa vitesse ».Un puits sans fondDans le Handelsblatt, le président de l’institut bavarois Ifo, Hans-Werner Sinn se montre également sévère : « Wall Street, la City et les banques parisiennes ont déjà été sauvées, l’Allemagne va dorénavant se porter garante des banques des pays du Sud. L’Allemagne est de plus en plus impliquée et les investisseurs du monde entier, qui ont fait des mauvais calculs, peuvent encore s’en tirer à la dernière minute. » Les critiques se concentrent sur l’allègement des conditions imposées aux Etats bénéficiaires des aides du futur Mécanisme Européen de Stabilité (MES) et sur la perte du caractère senior du MES, dont les créanciers ne seront plus prioritaires sur les créanciers privés. Pour Uwe Fröhlich, président de l’association des banques mutualistes, il faut « faire attention que l’ESM ne devienne pas un puits sans fonds (…) Les aides directes du mécanisme européen de stabilité aux banques n’est acceptable que s’il existe un organe de surveillance puissant et effectif ». Le professeur Ansgar Belke, directeur de recherche de l’institut berlinois DIW, estime pour sa part que « concentrer la politique monétaire et la surveillance des banques dans les mêmes mains pose un problème de conflits d’intérêt.»Acquis à 80% Après le vote du Bundestag et du Bundesrat vendredi il reste au pacte budgétaire et à l’ESM d’être validé par la cour constitutionnelle de Karlsruhe. Vendredi de nouvelles plaintes ont été déposées pour une procédure rapide par le groupe die Linke, le député eurosceptique Peter Gauweiler et l’initiative citoyenne « pour plus de démocratie en Europe » portée par l’ancienne ministre de la Justice Herta Däubler-Gmelin (SPD). Les juges devraient traiter les recours très rapidement, probablement avant le 10 juillet. Ansgar Belke tient d’ailleurs l’affaire pour classé : « on ne sait jamais ce qui peut se passer mais la cour suprême devrait avaliser le paquet fiscal et le MES, comme il l’a fait lors des derniers recours en justice. C’est acquis à 80% ». Bien que ceci soit hautement improbable, si la cour de Karlsruhe recevait favorablement les plaintes, le plan de sauvetage serait suspendu. Le scénario le plus vraisemblable est pourtant que la cour suprême demande des modifications à la marge comme lors du dernier plan de sauvetage il y a un an. Elle avait alors exigé une consultation systématique du Bundestag en cas de plan de sauvetage. 
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