Relance  : Bercy juge prématuré de désarmer

En France, la production manufacturière a fortement progressé en octobre, sur un rythme inégalé depuis l'année 2000, a annoncé hier la société Markit, qui calcule l'indice des directeurs d'achats dans les entreprises, le PMI. Voilà quelques jours, l'Insee a fait état d'une nouvelle amélioration du climat des affaires, notamment dans le secteur industriel? Tout indique donc que la reprise est là. Et pourtant, le gouvernement poursuit la mise en ?uvre de son plan de relance. Patrick Devedjian annonce même un aménagement du dispositif mis en place à destination des collectivités locales, afin qu'elles puissent continuer à investir en 2010 (lire l'interview ci-contre).Décalage ? Le gouvernement nie être en porte-à-faux, dépensant avec retard alors que la reprise est là. « C'est incontestable, nous sommes sortis de la récession, mais la crise n'est pas terminée », affirme-t-on dans l'entourage de Christine Lagarde. Un discours tenu depuis cet été, et l'annonce surprise d'une croissance positive (+ 0,3 %) au deuxième trimestre. « Certes, les indicateurs publiés actuellement sont encourageants, mais les incertitudes restent grandes à l'horizon du premier semestre 2010, qui est celui de notre politique économique », insistent les conseillers de la ministre de l'Économie. « La situation de l'emploi ne s'améliore pas encore, ni celle de l'investissement. Et l'environnement international peut légitimement inquiéter : aux États-Unis, le taux de chômage pourrait atteindre début 2010 un niveau record depuis 1945, avec les conséquences que l'on peut imaginer sur la consommation. »Des experts indépendants, tels ceux de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), abondent en ce sens. « Nous sommes actuellement en plein rebond technique, lié à la reconstitution des stocks dans les entreprises, qui les ont vidés au plus fort de la crise », souligne Éric Heyer, directeur adjoint. « Ce rebond risque de ne pas se transformer en véritable reprise, faute de relais. La consommation a profité en 2009 de la désinflation, liée à la chute des prix du pétrole. Cet effet positif est derrière nous. Et, s'agissant de l'investissement, le taux d'utilisation des capacités de production reste très inférieur à la normale. Les entreprises peuvent donc produire beaucoup plus sans investir. »Et de mettre en avant le « consensus » des prévisionnistes sur la croissance en 2010, autour de 1 % : « C'est encore très faible, insuffisant pour enrayer la hausse du chômage. Il serait très dangereux de vouloir aujourd'hui changer de politique, et commencer à vouloir réduire les déficits. Il y aurait de quoi réduire à zéro la maigre hausse du PIB. »Voilà pourquoi le gouvernement juge opportun de maintenir l'effort de relance (33 milliards d'euros sur 2009 et 2010). Il a décidé de proroger en 2010 le dispositif d'exonération de charges pour l'embauche dans les petites entreprises, le remboursement anticipé du crédit d'impôt recherche, et, pour partie, la prime à la casse. Le gouvernement peut en outre mettre en avant une réalisation du plan plus rapide que prévu, avec les trois quarts du plan déjà injectés dans l'économie.
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