La Niña remet le marché des céréales sous pression

A Sydney, jeudi, la tonne de blé a brusquement bondi de 7 % en une séance pour rejoindre un plus-haut depuis 2 ans, soit 302 dollars. Un rebond d'une amplitude rare, entraîné par La Nina. Ce phénomène climatique récurrent, qui fait osciller la température de l'océan Pacifique, entraîne souvent de fortes pluies en Asie du Sud et en Australie, ainsi que des épisodes de sécheresse en Amérique du Sud. Des pluies diluviennes ont perturbé ces derniers temps la récolte de blé de l'Est australien, une région très exportatrice sur laquelle plusieurs pays comptaient après les déboires des pays de la mer Noire. « L'excès d'humidité risque de forcer le pays à déclasser une partie de blé meunier en blé fourrager. Et dans ce cas, les tensions d'approvisionnement vont s'accentuer », assure une expert français. Le taux d'humidité ne doit pas dépasser les 15,5 % pour que le blé puisse être classé en blé meunier, notamment pour des raisons sanitaires.L'alerte sur le blé australien a tiré les autres marchés de céréales à la hausse jeudi. A Paris, le contrat sur le blé a marqué un nouveau plus-haut depuis août 2008, soit 234 euros, franchissant à la hausse son record de l'été dernier. «L'Allemagne et la France ont déjà beaucoup exporté, les disponibilités ne sont plus si importantes sur le Vieux Continent, et le prix de revient du blé américain est plus cher pour de nombreux importateurs souvent situés en Afrique» constate un opérateur. La France a surtout exporté vers l'Algérie et l'Egypte depuis le début de la campagne. L'Egypte commence à se tourner vers les Etats-Unis : elle a ainsi acheté cette semaine 220.000 tonnes de blé outre-atlantique.Les turbulences climatiques qui affectent les céréales pourraient se prolonger. «La Niña menace aussi les céréales en Amérique Latine», remarque Emmanuel Jayet, analyste à la Société Généralecute; Générale. Fin 2007, c'est le même phénomène climatique qui avait fait perdre près de 20 millions de tonnes de céréales au continent. Or cette menace intervient sur une situation de stocks nettement plus tendue qu'en 2008 sur soja et maïs. Si le blé reste abondant dans les silos américains, les stocks de maïs et de soja ne représentent plus que 6 % de la demande mondiale.
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