Une réforme des retraites, forcément douloureuse

Édouard Balladur avait réformé les retraites du privé par un décret estival, prenant toute la classe politique de court à l'été 1993, peu après son accession au pouvoir. Nicolas Sarkozy veut, lui, une concertation, et ce alors qu'il entamera la fin de son mandat, une période évidemment peu propice aux réformes difficiles. C'est la raison pour laquelle les partenaires sociaux ne s'attendent pas, aussi faute de temps, à un grand soir des retraites programmé pour la mi-2010, en dépit des déclarations parfois tonitruantes de parlementaires de la majorité, et de la volonté présidentielle de donner des gages à ceux qui, à Francfort ou à Bruxelles, jugent insoutenable l'évolution des finances publiques françaises à long terme. Les experts parient plutôt sur un début de réforme. Quel en serait le point saillant ? Comme le souligne Danièle Karniewicz, présidente de la Caisse nationale d'assurance vieillesse, pour rééquilibrer le régime des retraites (le déficit de la Cnav atteindra 10,7 milliards d'euros cette année, s'agissant du seul régime général), « il n'est guère envisageable de baisser le niveau des pensions, ni d'augmenter sensiblement les cotisations ». Parce que le chef de l'État s'est engagé à ne pas accroître les prélèvements obligatoires, mais aussi parce que les actifs ne sont pas prêts à payer beaucoup plus pour leurs aînés.Des trois curseurs qu'il est possible d'actionner ? durée de cotisation, montant des retraites, niveau des cotisations ?, ce sera donc le premier qui sera probablement privilégié. En 2012, il faudra avoir cotisé quarante et un ans pour obtenir une retraite à taux plein. Cette durée sera relevée, mais bien sûr progressivement. Et Danièle Karniewicz insiste pour que les salariés ne soient pas tous logés à la même enseigne : elle défend l'idée d'une prise en compte de la pénibilité de certaines professions. Obtiendraient le droit de cotiser moins longtemps les salariés qui ont occupé des postes à haute pénibilité ayant entraîné des problèmes de santé, suggère la présidente de la Cnav.Reste aussi la question hautement symbolique de l'âge minimal de cessation d'activité. Repousser le départ à 65 ans ? Le message serait fort, du point de vue des partisans de mesures très visibles, mais les syndicats y sont fortement opposés. Quant à l'idée d'un système par points, il ne résout en rien la question du financement des retraites. I. B.
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