Aux États-Unis, la réglementation a été jusqu'ici très laxiste

L'homme approche le briquet du robinet, en fait couler un filet d'eau qui s'enflamme presque instantanément. Spectaculaire, cette image montrée dans le documentaire américain « Gasland », nominé aux oscars, témoigne des dégâts que peut provoquer l'exploitation des gaz de schistes. Là commence le débat : l'exploitation tout court, selon ses opposants, l'exploitation incontrôlée, selon ses défenseurs.Quoi qu'il en soit, les pionniers américains ont bénéficié d'une réglementation quasi inexistante. En 2004, l'agence de protection de l'environnement (EPA) avait blanchi les techniques de fracturation hydraulique dans une étude largement décriée. Sous l'ère Bush (et Cheney, ex-PDG de la compagnie Halliburton, pionnière des techniques de fracturation hydraulique), le Congrès avait carrément exempté les compagnies de forages de la régulation de l'EPA dans son Clean Water Act !Mais à mesure que la production de gaz de schiste s'accroît, les pratiques des producteurs sont plus scrutées. Sous la pression populaire, le groupe Chesapeake a renoncé à forer près des réserves d'eau qui alimentent New York. L'EPA a lancé une étude en mars 2010 sur l'impact environnemental de la fracturation hydraulique, dont les premiers résultats sont attendus... fin 2012. En septembre, les entreprises recourant à cette technique ont finalement accepté de lui fournir la liste des produits chimiques utilisés.L'eau en grand dangerAu-delà d'une pollution visuelle bien réelle, avec un quadrillage de puits rapprochés en surface, la principale problématique de la fracturation hydraulique touche à l'eau. Prélevées dans les sources environnantes (lacs, rivières, aquifères salins), les grandes quantités d'eau mélangées à de multiples produits chimiques aux noms anxiogènes (benzène, chloride d'ammonium...) sont injectées sous très haute pression dans le sous-sol. Entre 15 % et 80 % des volumes remontent en surface, soit pour être réinjectés, soit après traitement, remis dans les eaux de surface. Tout est donc fonction de la qualité du traitement... et de son contrôle.Une autre inquiétude concerne la pollution des nappes phréatiques. Bien qu'elles soient situées très au-dessus des roches ciblées, une mauvaise cimentation du puits - une des causes avérées de l'accident de BP dans le golfe du Mexique - peut déboucher sur des fuites lors de la remontée des productions. Et transformer l'eau du robinet en liquide inflammable ou solution pour apprenti chimiste. O. H.
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