Bouygues n'entrevoit pas de reprise avant 2011

Face à une crise majeure, le modèle de Bouygues, présent dans des activités diversifiées, et la gestion prudente du groupe familial ont fait la preuve de leur efficacité. La Bourse n'a pas manqué de le saluer : le titre a bondi de 4,79 % à 37,53 euros mercredi. Les difficultés de Colas (routes) ou de TF1 ont été compensées par les performances de Bouygues Telecom - qui a passé le cap des 10 millions de clients mobiles et génère à lui seul 36 % de l'excédent brut d'exploitation du groupe - et de Bouygues Construction, qui a réussi à prendre 9,3 milliards de commandes sur 2009, autant qu'en 2006. La filiale BTP profite de son développement équilibré entre la France et l'international, où son savoir-faire lui permet de décrocher de grands contrats (tunnel à Miami pour 400 millions, complexe immobilier à Doha pour 900 millions...) susceptibles d'offrir de bonnes marges. Elle bénéficie aussi de son engagement dans les partenariats public-privé (PPP), gages de chiffre d'affaires à long terme grâce à l'exploitation et la maintenance des bâtiments une fois construits. Par ailleurs, la contribution d'Alstom au bénéfice net consolidé de Bouygues a crû de 10 %, à 329 millions d'euros, l'entrée de Bouygues en 2006 à son capital se trouvant ainsi pleinement justifiée.Face à une « période très incertaine », le groupe a su réduire sa dette nette de 45 %, à 2,7 milliards d'euros, soit un ratio d'endettement de seulement 28 % des fonds propres. Pour autant, même s'il dispose de 9,6 milliards de trésorerie, Martin Bouygues veut continuer à l'améliorer en 2010 et s'imposer une discipline stricte en s'interdisant de surpayer d'éventuelles acquisitions. « La dégradation économique est stoppée mais nous ne sommes pas sortis de la crise », a-t-il prévenu, tout en escomptant « une amélioration au second semestre ». Il a relevé le retard pris par les plans de relance (dont les effets pour le BTP seront surtout sensibles en 2011) et l'atonie de l'immobilier d'entreprise. Pour la seconde année consécutive, il anticipe un recul du chiffre d'affaires du groupe (4 %, après 3 % en 2009), avec une stabilité pour Bouygues Telecom et pour Colas. TF1 table en revanche sur une légère croissance (2 %), grâce à la reprise du marché publicitaire. Et Bouygues Construction sur un recul de 5 % de son chiffre d'affaires, dont 75 % n'en sont pas moins « sécurisés ». Bouygues Immobilier anticipe une chute de 30 % de son activité, vu la faiblesse de l'immobilier d'entreprise et le bas niveau du marché du logement.perspectives porteusesMais les perspectives pour ces métiers restent porteuses : le déficit de logements en France est criant ; 350 milliards d'euros ont été alloués par l'Union européenne sur la période 2007-2013 aux nouveaux pays membres ; les pays émergents développent leurs infrastructures. En revanche, les difficultés de financement des grands projets persistent. L'endettement des États n'apparaît pas pour Martin Bouygues comme un sujet d'inquiétude, les PPP constituant pour eux « des charges et non des dettes ». Pas plus que l'impact sur les collectivités locales en France - principaux donneurs d'ordres dans les travaux publics - de la réforme de la taxe professionnelle, au motif que l'activité de Colas est par exemple liée avant tout à l'entretien et à la maintenance des réseaux routiers que les collectivités locales sont tenues de réaliser et peu à la construction d'infrastruc- tures?neuves. n.
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