Le recyclage des panneaux photovoltaïques est une industrie encore en gestation mais prometteuse

La filière photovoltaïque n'est aujourd'hui pas règlementairement contrainte au recyclage des panneaux qu'elle produit. Alors que le principe de la responsabilité élargie des producteurs (REP) imposée par l'Europe contraint de plus en plus d'industriels à s'inquiéter de la fin de vie des produits qu'ils fabriquent, les panneaux solaires échappent encore à cette législation.Soucieux de préserver leur image de fabricants de produits verts, les industriels ont pris les devants et créé, en 2007, une association européenne « PV cycle ». Ses membres sont producteurs ou importateurs de panneaux photovoltaïques et représentent plus de 80 % du marché. PV Cycle s'engage à reprendre un minimum de 65 % des panneaux installés en Europe depuis 1990 et à en recycler 85 % des déchets. Composé de pastilles de silicium, de cadres en aluminium et renfermant des éléments en plastiques et en cuivre, « les panneaux photovoltaïques sont recyclables à 90 % », affirme le délégué général d'Enerplan, Richard Loyen. Un bémol cependant certains panneaux contiennent des matériaux toxiques qui doivent être écartés du processus de recyclage.105 points de collecteEn Europe, PV Cycle indique avoir créé 105 points de collecte dans lesquels les modules solaires obsolètes peuvent être entreposés dont la moitié en Allemagne. La France et l'Italie n'en accueillent que 17 chacune, l'Espagne 7. Mais l'industrie du recyclage solaire « n'en est qu'à ses prémices », juge Gaetan Masson économiste à l'European Photovoltaic Industry Association (EPIA). De fait, seulement 80 tonnes de vieux panneaux ont été collectés en 2010 en Europe indique le directeur de PV Cycle, Jan Clyncke. C'est peu comparé par exemple aux dizaines de milliers de tonnes de déchets collectés par les filières électriques et électroniques.Selon Gaetan Masson « il faudra attendre 2020-2025 pour que les volumes de vieux modules atteignent des quantités suffisantes pour nécessiter la naissance d'une véritable industrie du recyclage ». Une estimation rapide permet d'évaluer autour de 200 millions le nombre de modules qui devront être recyclés d'ici à une dizaine d'années. Une industrie inexitante aujourd'hui en Europe en général et en France en particulier. Mais prometteuse économiquement prédit l'économiste. En effet, le coût de la fabrication des tranches de silicium (fonte, élaboration et découpage des waffers, enrichissement des plaques de silicium, etc) représente aujourd'hui la majeure partie du coût global d'un module solaire. Or, « à l'instar de l'aluminium aujourd'hui, recycler le silicium reviendra très vite moins cher que le produire », affirme l'économiste. Bref, l'avenir du photovoltaïque passe aussi par le recyclage.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.