L'avenir de Thales dans les mains de Dassault

Dilemme pour Dassault Aviation. Peut-il, au risque de fragiliser durablement Thales, imposer, sous le patronage de l'État, un vaste échange d'actifs avec Safran à l'électronicien, qui n'en veut pas dans les conditions proposées ? Thales regrouperait toute l'optronique et la navigation inertielle et Safran, qui revendique les activités de calculateurs embarqués, récupérerait en contrepartie toutes la génération électrique et la biométrie. C'est sur les calculateurs que l'opération achoppe depuis le début (voir « La Tribune » du 9 février).Le PDG de Thales, Luc Vigneron, contesté en interne, s'est fermenent engagé devant les plus hauts cadres du groupe à ne pas céder, tant qu'il serait là, les activités de calculateurs embarqués convoitées par Safran. Il les considère comme coeur de métier de Thales. Lui forcer la main, c'est le fragiliser encore plus. D'autant que les dirigeants du groupe Dassault, inquiets à propos de Luc Vigneron, commencent à songer à le remplacer. « Il aurait six mois pour convaincre », assurent des sources concordantes. Au-delà des calculateurs, précise-t-on chez l'électronicien, le PDG de Safran, Jean-Paul Herteman, viserait les activités d'avionique de son rival (plus de 1,2 milliard d'euros de ventes). Chez Safran, on est aussi bien conscient que « la faiblesse du PDG de Thales peut faire capoter l'opération ».question de prixLe ministère de la Défense, secondé par la Direction générale pour l'armement qui rêve d'un BAE Systems à la française regroupant toutes les activités de défense, est à la manoeuvre. Le ministre Hervé Morin, qui pour des raisons de prestige personnel aimerait réussir cette opération, a proposé à Dassault Aviation, pour le convaincre, de garder chez Thales les calculateurs du Rafale et de placer les calculateurs civils dans une joint-venture 50-50 entre Thales et Safran, ce dernier ayant le contrôle. Séduisant certes, mais Charles Edelstenne prendra-t-il le risque de voir plonger Thales dans une crise sans fin alors qu'il a lourdement investi dans ce groupe.Tout sera in fine peut être une question de prix. Confronté à la mévente de ses avions d'affaires et à des négociations très dures aux Émirats arabes unis pour la vente du Rafale, Dassault Aviation pourrait obtenir que l'État prenne en charge les coûts monstrueux du développement de l'appareil émirati. Ce qui serait alors un coup très dur pour Thales... et son PDG. Michel Cabirol
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