Hôtels mythiques À Biarritz, un palace impérial

Biarritz, 1855. Capelines de paille fine ornées de rubans ondulants, tailles étranglées, crinolines se balançant comme des lampions multicolores, élégantes et dandys en costumes clairs descendus de Paris ou d'Espagne ont envahi à la suite du couple impérial les rues de la toute nouvelle station balnéaire à la mode. Pour Eugénie, c'est un retour au paradis des vacances enfantines. À neuf ans, elle passait avec sa mère, la comtesse de Montijo, l'été sur la côte basque, pêchant la crevette dans les rochers, nageant au Vieux Port, s'aventurant le long des sentiers abrupts de l'Atalaye. Impératrice, elle n'a de cesse d'entraîner son Napoléon III de mari à la découverte de ce village rempli de souvenirs heureux. C'est chose faite en 1854. Ils s'installent au Château Grammont qui se révèle bien trop exigu pour les souverains et leur suite. Décision est prise. On va faire construire une résidence à la hauteur de la situation. Dix mois plus tard, la « Villa Eugénie » se dresse face à l'océan Atlantique. Elle deviendra plus tard l'Hôtel du Palais, établi aujourd'hui comme un des plus beaux palaces d'Europe, décoré de 5 étoiles infiniment méritées.Pour le moment, nous sommes en pleins travaux. L'architecte d'origine Hippolyte Durand, auteur d'une « construction sans aucun intérêt artistique », sans doute trop classique, est remercié et remplacé par Auguste Couvrechef qui commettra une sorte de condensé du style architectural second Empire. Vastes espaces de réception, pâtisseries en tout genre, lambris, lustres étincelants, l'ensemble fait dans le somptueux, à l'image d'une société légère et raffinée qui ne se refuse rien. En 1864, un nouvel architecte, Gabriel Auguste Ancelet, y adjoint une vacherie et une bergerie, et rehausse le bâtiment d'un étage. Pendant seize ans, avec deux interruptions en 1860 et 1869, le couple impérial est fidèle à Biarritz. Dans leur sillage se rue le gotha au grand complet : la reine Isabelle d'Espagne, le prince Jérôme Bonaparte, les souverains du Portugal, le prince Walewsky, Bismarck. Les bals succèdent aux pique-niques, les feux d'artifice aux croisières en mer. Un tourbillon.En 1880, quelques années après la mort de Napoléon III, l'impératrice Eugénie vend sa propriété à la Banque de l'Union Parisienne qui la transforme en hôtel casino le « palais Biarritz ». En 1893, l'Hôtel du Palais voit le jour. L'impératrice n'est plus là, mais le pli est pris. Rendez-vous cosmopolite et prestigieux, l'Hôtel du Palais retrouve un nouveau cortège d'altesses : la fameuse Sissi impératrice d'Autriche, la reine Victoria, le roi Édouard VII, le roi de Suède... Hélas, le 1er février 1903, ce séjour béni des dieux est ravagé par un incendie. Qu'importe, on reconstruit... en béton armé avec un décor plaqué ! L'architecte Edouard-Jean Niemans conçoit la décoration intérieure avec la fameuse salle à manger en rotonde ouverte sur l'océan. Transformé en hôpital pendant la grande guerre, l'Hôtel du Palais retrouve tout son lustre à l'heure des Années folles. En 1922, le marquis d'Arcangues y organise un bal second Empire mémorable présidé par le roi d'Espagne Alphonse XIII et le chah de Perse. Puis, les têtes couronnées un peu en perte de vitesse, ce sont des étoiles d'un autre genre qui viennent briller sur les terrasses, dans les salons : Edmond Rostand, Sarah Bernardt, Stravinsky, Charlie Chaplin, Gary Cooper, Jean Cocteau, Serge Lifar ou Sacha Guitry qui disait : « Quand on hésite entre deux plages, l'une d'elles est toujours Biarritz. »? Jeudi : le Château de Bagnol
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