La CGT est en quête d'une stratégie avant son congrès

Un peu plus de dix ans après avoir été propulsé à la tête de la CGT, Bernard Thibault devrait sans difficulté obtenir un nouveau mandat de quatre ans lors du congrès de son organisation qui se tiendra du 7 au 11 décembre à Nantes (Loire-Atlantique). Le seul challenger officiellement déclaré ? Jean-Pierre Delannoy ? n'a, en effet, aucune chance. Il n'est pas soutenu par l'union départementale du Nord ni par la Fédération de la métallurgie dont il dépend. Surtout, il n'est pas membre de la commission exécutive, préalable indispensable pour être élu secrétaire général, en vertu des statuts.Mais cette candidature « symbole » des opposants à la ligne Thibault est révélatrice des remous qui traversent la CGT. Une nouvelle preuve en a été donnée hier. À l'occasion du dernier comité confédéral national avant le congrès, Jean-Christophe Le Duigou et Maryse Dumas, deux figures de la CGT, ont annoncé qu'ils quittaient la direction confédérale (lire ci-contre).La Première placeLe bilan de dix ans de mandat de Bernard Thibault n'est pourtant pas mauvais. « Par rapport aux autres syndicats, la CGT apparaît comme étant en meilleure santé. Personne ne peut lui disputer sa première place en termes d'audience », souligne Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail. En décembre 2008, lors des dernières élections prud'homales, la CGT a, de très loin, réalisé le meilleur score avec 33 % des voix, contre 21 % à la CFDT. Surtout, la confédération de Montreuil a même légèrement progressé par rapport au précédent scrutin (32 %) quand la CFDT enregistrait un net recul (25 % en 2002).L'ancien patron de la CGT cheminots, leader du conflit de 1995, a aussi conduit son organisation sur le chemin de la négociation. À cet égard, l'implication de la CGT aux côtés de la CFDT dans la réforme de la représentativité d'avril 2008 est lourde de sens. « C'est un engagement à devenir un acteur décisif dans les négociations d'entreprise, ce qui confère des responsabilités à la CGT. Or cette évolution est à mettre à l'actif de Bernard Thibault », analyse Jean-Dominique Simonpoli, directeur général de l'Association Dialogues.Mais ces succès dissimulent mal les fragilités de la CGT. Tout d'abord, ses difficultés à renouveler ses troupes. Fin octobre, la centrale de Montreuil affichait 38.000 nouvelles adhésions en 2009, soit près de 5.000 de plus qu'en 2008. Mais avec un total de 654.000 adhérents, l'objectif de 1 million de cartes visé lors du dernier congrès est hors d'atteinte.Plus grave, à trop lorgner vers la CFDT et son réformisme, la CGT prend le risque de perdre son identité. Voire d'être doublée sur le terrain par des syndicats plus radicaux tels que Solidaires. Des structures d'entreprise à la confédération, en passant par les unions locales et les fédérations, la ligne de fracture entre réformistes et radicaux s'agrandit. Elle risque de rendre la CGT ingouvernable pour le successeur de Bernard Thibault, qui a déjà annoncé que ce mandat serait le dernier?
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