La grippe A devient un objet de controverse politique

La première polémique politique de l'année ne concerne pas la situation économique mais la stratégie du gouvernement pour lutter contre la grippe A. À peine le ministère de la Santé avait-il confirmé, dimanche, le souhait de la France de vendre une partie de son stock de 94 millions de doses de vaccins contre le virus H1N1 que les critiques ont commencé à fuser. Le premier à tirer a été Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris, par ailleurs médecin, qui a parlé de « fiasco » et a réclamé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le plan gouvernemental. Jean-Christophe Lagarde, député Nouveau Centre, a appuyé cette requête. Quant à Benoît Hamon, porte-parole du PS, il a dénoncé « une campagne bien anxiogène du gouvernement pour essayer d'écouler les stocks ». L'ancien ministre et député du Doubs, Pierre Moscovici, a évoqué un « dérapage ». Le député européen Vincent Peillon a, lui, déploré que le gouvernement n'ait pas « écouté ceux qui savent ». Jusqu'au NPA d'Olivier Besancenot qui a parlé de « scandaleux échec ».corps médical hostileDe fait, la gauche a pu rebondir facilement sur les critiques de membres du corps médical hostiles depuis le début à la stratégie de l'État. C'est le cas du professeur Bernard Debré ? par ailleurs député UMP ? ou de son confrère Marc Gentilini, spécialiste des maladies infectieuses, qui ne se sont pas privés depuis dimanche de rappeler qu'ils auraient eu raison avant l'heure.Dans ce concert de critiques, François Bayrou a fait entendre sa petite musique. Le président du Modem n'a pas voulu accabler l'exécutif sur le nombre de vaccins commandés, mais a plutôt déploré que le gouvernement n'ait « pas associé les généralistes à la campagne de vaccination ».Logiquement, l'UMP est venue à la rescousse du pouvoir. « Imaginez un seul instant, si le gouvernement n'avait pas pris de telles précautions et que la pandémie avait été ce que l'on craignait à l'époque, les cris qui auraient été poussés et les accusations qui auraient été portées », s'est interrogé lundi, Dominique Paillé, l'un des porte-parole de l'UMP. Son alter ego Frédéric Lefèbvre a, lui, jeté à la figure du PS l'affaire du sang contaminé sous Laurent Fabius? Ambiance.Le gouvernement se serait bien passé de cette polémique alors que Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, a programmé une nouvelle vague de vaccinations à partir de ce mardi (voir « La Tribune » du 4 janvier). Il va lui falloir convaincre l'opinion qu'il n'a pas vu trop grand. En espérant sans le dire qu'un nouveau pic épidémique en février justifie sa stratégie? P. C.
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