Les économistes craignent une reprise fragile aux États-Unis

En dépit d'indéniables signes d'embellie aux États-Unis, d'influents conjoncturistes américains demeurent soucieux. Ces derniers jours, Martin Feldstein, éminent professeur de Harvard et ancien conseiller de Ronald Reagan, et le Nobel d'économie Joseph Stiglitz ont averti que la reprise amorcée au troisième trimestre pourrait être compromise par le retrait de programmes de relance fédéraux en 2010. Certaines de ces aides, notamment celles destinées à stimuler l'achat de maisons et d'automobiles, prendront alors fin, fragilisant « la croissance économique à moyen terme », a déclaré Feldstein, membre du Bureau national de recherche économique (NBER) chargé de dater les cycles de croissance. Pour les mêmes raisons, un autre Nobel d'économie, Paul Krugman, estime qu'il existe « 30 % à 40 % de probabilités » que les États-Unis replongent dans la récession au second semestre 2010.optimistes pour l'emploiAprès la destruction de 7,2 millions d'emplois depuis la fin 2007, les économistes tablent sur une croissance de l'ordre de 2 % en 2010 et sont plus optimistes pour l'emploi. Certains estiment que vendredi, le gouvernement annoncera des créations nettes d'emplois en décembre mais le consensus Bloomberg prévoit 1.000 suppressions de postes, contre 681.000 destructions un an plus tôt. Cette relative bonne nouvelle succéderait à celle rapportée par l'association ISM selon qui l'activité manufacturière s'est accélérée en décembre, pour s'établir à 55,9 %, son plus haut niveau depuis avril 2006. Martin Feldstein prévient toutefois qu'une « reprise robuste sera difficilement atteignable tant que les marchés de l'immobilier résidentiel et commercial demeureront déprimés et que les banques locales limiteront leurs prêts ». Les dépenses de construction ont baissé en novembre pour le septième mois d'affilée. Et les crédits accordés aux particuliers ? hors immobilier ? ont décliné pour le neuvième mois consécutif en octobre. De son côté, PayNet remarque que sur an, les prêts accordés aux PME ont chuté de 11 % en novembre. De fait, le vice-président de la Fed, Donald Kohn, table sur « une reprise graduelle et sur une lente décrue du chômage », actuellement inscrit à 10 %.Dans un contexte où les prix de l'immobilier résidentiel sont inférieurs de 29 % par rapport à leur pic de la mi-2006, Joseph Stiglitz craint pour la mobilité des Américains. Près de 15 millions d'Américains doivent rembourser un crédit hypothécaire supérieur à la valeur de leur logement. Il leur est donc difficile de le céder pour déménager, ce qui risque, selon Stiglitz, de peser sur le marché de l'emploi.Éric Chalmet, à New York.
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