La SNCF à nouveau dans la ligne de mire d'élus américains pour son rôle dans la Shoah

Les regrets officiels de Guillaume Pépy , le président de la SNCF, n\'auront pas suffi. Outre-Atlantique, la SNCF pourrait être reconnue responsable légalement pour son rôle dans la déportation de 76.000 juifs et d\'autres victimes de la déportation pendant la deuxième guerre mondiale. Le sénateur Charles Schumer (New York) annonce avoir déposé une proposition de loi qui pourrait aboutir à une telle condamnation. \"Bien qu\'elle ait été forcée à collaborer, la SNCF a cherché des dédommagements de la part de l\'Allemagne et de la France avant et après à libération, faisant payer des billets de troisième classe pour ceux qui étaient transporté dans des wagons à bestiaux \", écrit le sénateur dans un communiqué. Le but de sa proposition de loi? Lever l\'immunité dont bénéficient les entreprises étrangères afin que des survivants et les descendants des victimes puissent porter plainte et réclamer des réparations. A la Chambre des représentants, une proposition similaire - qui ne cible officiellement aucune entreprise en particulier, déposée en avril et baptisée \"Holocaust rail justice act\", vise à autoriser la justice américaine à procéder à de tels jugements.  Elle est soutenue par 22 représentants républicains et démocrates.Le précédent californienCette tentative de rendre la compagnie ferroviaire responsable pour ses actes pendant la collaboration n\'est pas une première aux Etats-Unis. En 2010, une initiative du même type a ainsi été lancée en Californie. Il s\'agissait alors d\'imposer la transparence à tous les candidats à la construction de la future ligne de train à grande vitesse californien, dont la SNCF fait partie. Bob Blumenfield, élu de Californie et défenseur de cette loi, exigeait également des détails sur les réparations prévues pour les survivants et familles en cas de preuve qu\'une entreprise candidate avait bien participé à la déportation. Mais cette proposition est tombée à l\'eau, Arnold Schwarzenegger alors gouverneur de Californie, ayant choisi d\'y opposer son veto.La SNCF \"rouage de la machine d\'extermination nazie\" pour PépySon argument ?\" Cette loi place inutilement l\'Etat californien dans la position de reconnaître les activités de ces compagnies\" pendant la guerre. Or, l\'activité de la SNCF en particulier pose justement des problèmes bien épineux aux historiens et aux juristes depuis de nombreuses années.La notion de \"responsabilité\" de l\'entreprise est en effet d\'autant plus difficile à définir qu\'il faudrait déterminer dans quelle mesure elle a été contrainte par l\'Occupant. Il faudrait en outre mesurer le rôle des pésistants parmi les cheminots. A propos de ces derniers, Guillaume Pépy n\'avait pas manqué de rappelé en 2010 qu\'ils étaient quelque 2.000 à avoir été exécutés pendant la deuxième guerre mondiale. Toutes les familles de victimes ne sont d\'ailleurs pas unanimes pour blâmer la compagnie française. Serge Klarsfeld, président de l\'association des filles et fils de déportés juifs de France,  estimait ainsi que la SNCF était \"attaquée injustement\" car la déportation sur le plan ferroviaire \"a été essentiellement un phénomène allemand\".Dans le même temps, Guillaume Pépy reconnaissait cependant une part de responsabilité à sa compagnie. Il la qualifiait en effet de\" rouage de la machine d\'extermination nazie\" lors de l\'inauguration d\'un lieu de mémoire à Bobigny. Quatre ans plus tôt, son prédécesseur, Louis Gallois, se montrait plus évasif, utilisant dans une tribune le terme de \"rouage de la solution finale\" mais affirmant que l\'entreprise n\'était \"pas responsable de la déportation des Juifs\".L\'affaire LipietzMais concrètement, si la loi déposée cette année au Congrès américain est bel et bien votée, la SNCF pourra-t-elle être condamnée à verser des indemnités ? La famille de l\'ancien député européen et membre d\'Europe Ecologie Les Verts, Alain Lipietz, a longtemps mené une bataille de ce type dans les prétoires. Le père de l\'homme politique, Georges Lipietz ainsi que d\'autres membres de sa famille, accusait en effet la compagnie d\'avoir participé activement à leur déportation.En juin 2006, un tribunal de Toulouse a condamné la SNCF à verser des compensations. L\'entreprise a alors interjeté appel et la cour de Bordeaux, un an plus tard, revenait sur cette condamnation. En novembre 2007, le conseil d\'Etat confirmait cette dernière décision au motif que la justice administrative n\'était pas compétente pour juger de cette de affaire. Pas de condamnation judiciaire en France donc.Quant à une éventuelle décision aux Etats-Unis, il faudra non seulement que la loi soit votée, mais qu\'une cour condamne effectivement l\'entreprise. Pour l\'heure, la SNCF  ne \"souhaite pas faire de commentaire\", a indiqué un porte-parole à La Tribune. Elle est toujours candidate à la construction d\'une autre ligne sur le territoire américain, en Floride.   
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