Cartes rebattues pour l'immobilier

Même si la décision était attendue, c'est ce que l'on appelle avaler son chapeau. Nicolas Sarkozy s'est résolu à abandonner, début 2011, une mesure phare de son quinquennat?: la déduction des intérêts d'emprunt immobilier. Tout à sa promesse de « faire de la France un pays de propriétaires », le gouvernement n'avait pas mesuré que le crédit d'impôt mis en place dans le cadre de la loi Tepa (Travail, emploi, pouvoir d'achat) allait être une bombe à retardement fiscale. Comme il s'appliquait de manière injuste à tous les propriétaires, qu'ils achètent un logement pour la première, deuxième, ou troisième fois, le manque à gagner promettait de devenir exponentiel?: 3 milliards d'euros dès 2013, contre 1 milliard en 2009.Au-delà, cette mesure a été battue en brèche par la crise immobilière. L'accession à la propriété a reculé de 33 % entre 2007 et 2009?! Et l'effet solvabilisateur attendu n'a pas été atteint, car les banques n'en tenaient pas compte pour mesurer la capacité de remboursement des emprunteurs. Le crédit d'impôt ne jouait sur les échéances de remboursement qu'à partir de la deuxième année suivant l'achat de la résidence principale.Aussi, comme l'a indiqué la minsitre de l'Economie Christine Lagarde aux « Échos », le 1,5 milliard consacré à ce crédit d'impôt en 2010 sera réinjecté dans le prêt à taux zéro (PTZ), véritable sésame de l'accession à la propriété, qui a l'avantage d'être pris en compte a priori par les banques, d'être à taux nul et d'offrir une phase longue de différé pour les acquéreurs les plus modestes. Le nouveau PTZ sera remusclé, mais aussi recentré sur les zones où les besoins de logements sont les plus importants. Il bénéficiera en outre à tous ceux qui souhaitent acheter pour la première fois, quelles que soient leurs conditions de ressources, ce qui devrait relancer le marché du logement d'où les primo-accédants ont presque disparu.Réviser le PTZ est de bon augure car sa « puissance originelle » a été, selon le Conseil national de l'habitat, « altérée par la hausse des prix de l'immobilier, l'absence de revalorisation suffisante des prêts et un défaut d'adaptation des plafonds de ressources ». À 15.000 euros de montant moyen, le PTZ ne représente plus que 10 % en moyenne du coût d'une opération immobilière, moitié moins qu'à son lancement.Dans le monde du logement, cette réforme est bien accueillie. « La suppression du crédit d'impôt au profit d'un renforcement du PTZ était certainement, alors que l'État cherche à faire des économies, la piste à privilégier », note Jean-François Buet, secrétaire général de la Fnaim. « Le gouvernement cherche à la fois à favoriser la demande en redonnant du pouvoir d'achat immobilier et à jouer sur l'offre, en évitant la rétention des terrains à bâtir », renchérit Marc Pigeon, président de la Fédération des promoteurs constructeurs. « Le nouveau PTZ va donner un gros coup de pouce à toute une partie des classes moyennes qui n'était pas éligible à l'ancien PTZ sans disposer pour autant des moyens nécessaires pour acheter », relève Maël Bernier, porte-parole d'Empruntis.com. Paradoxalement, le nouveau dispositif parviendra sans doute mieux à faire de la France un pays de propriétaires.
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