Paolo Woods ? : du photojournalisme au téléphone portable

Il a commencé par documenter la société iranienne en 2005, au moment où Ahmadinejad est arrivé au pouvoir. Depuis, le photographe néerlandais Paolo Woods n'a cessé de se rendre à Téhéran pour raconter le pays, offrant surtout au public une vision totalement inattendue de l'Iran. Et lorsqu'il lui a été impossible de travailler pendant les manifestations qui ont suivi les dernières élections, Woods a puisé dans l'extraordinaire vivier constitué par les photos prises par des anonymes, avant d'être postées sur le Net. De tout cela, le photographe a tiré un livre dont les photos sont exposées aux Rencontres d'Arles accompagnées d'un film captivant réalisées à partir de ces images d'amateurs. L'occasion d'une réflexion passionnante sur le photojournalisme.Avec l'élection du président Ahmadinejad en 2005, « j'avais le sentiment que l'arrivée de ce chef d'État à la fois populiste et extrémiste allait rapidement creuser un fossé entre l'Iran tel qu'il était perçu par l'Occident et le pays tel que je le connaissais », écrit Woods. Et c'est vrai que son Iran ne ressemble en rien à l'idée qu'on s'en fait.Certes, les hommes y ont la belle vie comparés aux femmes. Ils peuvent chasser, se baigner alors que ces dernières ne peuvent même pas remplir une piscine si elles en possèdent une, pour éviter à leurs voisins de subir la vision de leur corps en maillot. Mais cela ne les empêche pas de s'inscrire à l'école du rire où les classes sont mixtes.« C'est le caractère théâtral et la complexité de la société iranienne qui m'ont particulièrement attiré?: la profonde croyance religieuse des Iraniens en dépit de l'usage retors de la religion par le régime?; la confrontation constante entre modernité et tradition, souvent au sein d'une même personne », poursuit Woods.Son film ne dit pas autre chose. Mais c'est aussi un modèle du genre. Sur le fond, tout d'abord, puisqu'il y montre la révolte des Iraniens dans la rue et sur le Net. Lorsque le régime tente de décrédibiliser un leader étudiant en le faisant passer pour un fuyard déguisé en femme, nombre d'Iraniens se voilent eux aussi d'un tchador et postent leur portrait sur la Toile en guise de soutien.Paolo Woods prend soin d'expliquer chaque image, pointant les dérives du Net lorsque le portrait d'une résistante assassinée par le régime est confondu avec celui d'une autre récupéré sur Facebook. Reste ces photos amateurs permettant d'apporter une information lorsque les photojournalistes ne peuvent le faire. À partir du moment où elles sont identifiées, expliquées et utilisées avec rigueur.
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