Au centre du vieux port de Cannes aura lieu du 9 au 14 septe...

Papa les gros bateauxDe tous les salons nautiques, c'est incontestablement le plus glamour. Enfin? pour ceux qui préfèrent les grosses cylindrées au doux bruissement d'une coque portée par des voiles. Car ici, à Cannes, au Festival international de la plaisance, les yachts tiennent le haut du ponton. Et pas n'importe lesquels : les unités les plus luxueuses du marché. Celles qui font rêver tous les étés plus d'un vacancier se baladant sur les quais. Celles pour lesquelles on ne peut pas s'empêcher de se demander combien de zéros s'alignent sur les factures ou quel aménagement de folie cachent ces vitres teintées. C'est là que Johnny a acheté son bateau il y a quelques années, celui sur lequel il a glissé malencontreusement cet été?Fin des giga-yachtsCertes, ils seront un chouia moins nombreux : 587 bateaux l'an dernier, 511 à flot cette année, dont 140 de plus de 20 mètres. « Une belle performance compte tenu de la morosité des marchés », souligne le directeur du Festival, Éric de Saintdo, qui se félicite d'avoir fait venir 100 nouveaux exposants en pleine récession. L'ampleur de la crise se lit cependant à deux éléments. D'une part, la fin de la course à la frime et aux giga-yachts, à laquelle le 165 mètres de l'oligarque russe Abramovitch, encore en construction, devrait mettre un point final. D'autre part, l'absence de certains chantiers qui, faute de moyens, ont renoncé à faire le déplacement à Cannes. La profession préfère en parler à demi-mot et ne citer aucun nom pour ne pas attirer le mauvais ?il. Chacun viendra d'ailleurs y écouler ses stocks, les commandes ayant chuté drastiquement cette année.Ce serait donc le moment ou jamais pour les candidats à l'achat de se précipiter sur les pontons avec le carnet de chèques dans la poche. Compter de 50.000 à 30 millions d'euros. Les Russes ont déserté mais la fidèle clientèle européenne et anglo-saxonne devrait être là. Car le marché a retrouvé son équilibre, à en croire Laurent Perignon, directeur marketing de Camper&Nicholsons International, société de vente et de gestion de yachts : « Il y a encore un an ou deux, il fallait attendre de deux à trois ans pour avoir son bateau. La spéculation galopait. C'était un marché de vendeurs. Aujourd'hui, on revient à un marché d'acheteurs. Et les prix ont retrouvé la raison. » Dans les trois dernières années, sous l'effet de la demande, le marché de la location a augmenté de 100 % en volume et de 200 % en valeur. La vente des plus de 30 mètres devrait mieux résister que celle des 20-25 mètres. « La clientèle la plus touchée par la crise est celle qui finançait son achat entre 2,5 et 5 millions d'euros via un crédit. Les plus riches restant toujours plus riches, même au plus fort de la crise, ils peuvent toujours mettre de 15 à 20 millions d'euros cash. Le bateau, c'est un jouet à remplir avec plein d'autres jouets », plaisante l'Italien Roberto Franzoni, directeur marketing du chantier San Lorenzo.Style et performanceCe mode de vacances « privées » a désormais largement séduit les grandes fortunes. Plus à l'abri des regards que dans un cinq étoiles mais avec le même confort de réception, elles n'hésitent pas à délaisser leurs villas pour leur château flottant avec vue. « Avant, la mer était synonyme de voile. Et les yachts, c'était pour frimer au port. Aujourd'hui c'est fini. La mer est un vaste terrain de détente et de farniente pour se retrouver en famille ou entre amis tout en suivant son business. Les propriétaires veulent des bateaux proches de leurs nouvelles aspirations », note Éric de Saintdo. Et dans ce domaine, les chantiers italiens ont le chic pour conjuguer le style avec les performances. Les Français commencent à s'y intéresser. Hermès a signé un joint-venture en 2008 avec le très beau chantier italien Wally, dont le projet commun devrait être dévoilé le 23 septembre à l'occasion du Monte Carlo Yacht Show. Quant à Bénéteau;néteau, sa filiale Monte Carlo Yacht basée en Italie sortira l'an prochain son premier bateau au « luxe responsable », selon la formule de sa dirigeante, Carla de Maria. « Aujourd'hui, le luxe doit être d'une qualité irréprochable. La clientèle est à la recherche de quelque chose de moins extrême, de plus rassurant et de plus raisonnable », souligne-t-elle. Mais il faudra aux chantiers européens compter avec la Turquie, où émerge un savoir-faire de qualité.Et si d'aucuns se demandent pourquoi ce salon a lieu au c?ur du mois de septembre, c'est tout simplement parce que beaucoup de bateaux exposés appartiennent à des propriétaires qui naviguent dessus au printemps et en été. Mais il est aussi plus facile de déclencher une commande auprès d'un acheteur fortuné dès lors qu'il sort de sa croisière et a pu se lasser de son joujou. « Cannes va donner le ton de l'année 2010. Je n'ai pas d'idées, je n'ai que des espoirs », conclut joliment Éric de Saintdo. Quoi qu'il en soit, le spectacle sera à flot et donnera matière à rêver d'évasion aux 65.000 visiteurs, même si leur compte en banque est sous l'eau. Le bateau, c'est un jouet à remplir avec plein d'autres jouets. »
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.