C'est le rendez-vous du prêt-à-porter ce week-end à Paris. ...

À tous ceux qui pensent que le prêt-à-porter est né dans les années 50, la Fédération française du prêt-à-porter féminin entend apporter un sérieux démenti. Et du coup sonne tambours et trompettes pour annoncer ses 80 ans à l'occasion du rendez-vous de la mode qui se déroule ce week-end à Paris à la Porte de Versailles. Elle a ainsi confié à Catherine Örmen, historienne de mode, le soin de retracer son parcours. « J'ai toujours été frappée de constater que la plupart des gens datent la naissance du prêt-à-porter d'on ne sait où dans les années 60. Or il prend ses racines dans la confection qui date, elle, de 1830 quand la haute couture fait ses premiers pas vers 1879 avec Worth. Et les confectionneurs vont décider à la veille de la crise de 1929 de créer une fédération pour défendre les intérêts de leur profession », raconte Catherine Örmen. CoquetterieC'est par le mépris, nourri de longue date par les Parisiennes, envers la confection qu'il faut comprendre cette erreur historique. Contrairement aux Américaines, aux Allemandes ou aux Britanniques, les clientes hexagonales restent dans les années 1920 exigeantes, individualistes et? très coquettes. Résultat : elles détestent les modèles standardisés réalisés dans des tissus qu'elles estiment être de piètre qualité. Elles n'ont d'yeux que pour le sur-mesure et pour la toute puissante haute couture. Il faudra attendre la Seconde Guerre mondiale et son infatigable président Albert Lempereur pour que la Fédération tire le prêt-à-porter vers le haut. Celui-ci comprend, lors d'un voyage aux États-Unis, dans le cadre du plan Marshall, comment l'avènement du « ready to wear » est porté par une communication tous azimuts, autant par la publicité que par la presse. Dès son second voyage, en 1955, il emmène, outre les confectionneurs, les journalistes et les publicitaires pour leur faire comprendre à quel point la production française a besoin de leur soutien pour se développer. Il sera largement écouté par les journalistes. C'est Jean-Claude Weill, autre pionnier de la modernisation, qui lancera l'expression de « prêt-à-porter », traduction littérale de « ready to wear ». Il est aussi le premier à apposer un logo sur les vêtements et à lancer le fameux slogan « Weill vous va ».Il n'empêche : les Françaises bouderont encore pour plusieurs années ces vêtements « tout faits », ne souhaitant pour rien au monde croiser, ne serait-ce que dans la rue, une femme portant la même tenue. AnticonformismeDans les années 60, les élégantes conservaient leur couturière. « Et puis, on achetait peu de chose mais on démontait ici un col, là des manches, pour transformer les vêtements. Ce côté ?anti-madame-tout-le-monde reste un invariant dans notre culture?, souligne Catherine Örmen. Un côté qui perdure d'ailleurs et explique en partie pourquoi les Françaises et, en particulier, la Parisienne, gardent une réputation de femme la plus élégante du monde. Un phénomène d'autant plus prégnant aujourd'hui que nous sommes entrés, à en croire Jean-Pierre Mocho, président de la Fédération, dans l'ère où le consommateur décide. « Il n'y a plus de créateurs géniaux. Le consommateur est lui-même son propre styliste. Il zappe, achète ce qui lui plaît quand il veut. » Et s'il note avec satisfaction que l'engouement des Français pour le vêtement ne se dément pas malgré la crise, il regrette un manque criant de créativité hexagonale et un mépris des politiques pour un secteur ancré au c?ur de la société. La suite de l'histoire reste donc encore à écrire. Sophie PétersSalon du prêt-à-porter, porte de Versailles à Paris (XVe), jusqu'au 7 septembre.Le vêtement porte beau ses 80 printem
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