Londres se dresse sur la route de Rupert Murdoch

Le gouvernement britannique a osé : il s'attaque à Rupert Murdoch. Il a demandé jeudi au régulateur britannique des médias, l'Ofcom, d'enquêter sur l'offre lancée par News Corp., le holding au sommet de l'empire Murdoch, sur BSkyB, le bouquet satellite dont il possède déjà 29 %. L'Ofcom doit trancher sur les limites à la « pluralité » de la presse qu'un contrôle à 100 % poserait. L'affaire pourrait à terme bloquer l'offre sur BSkyB.Officiellement, il s'agit d'une enquête déclenchée sur des critères objectifs. Mercredi, l'offre de News Corp sur BSkyB a été notifiée à Bruxelles, et Londres en tire les conséquences logiques : si la Commission européeene est en charge d'enquêter sur les infractions à la concurrence, le gouvernement britannique est responsable des questions sur la pluralité de la presse, un sujet différent. Or, News Corp. contrôle 37 % des journaux vendus en Grande-Bretagne (dont « The Times » et « The Sun », et BSkyB possède Sky News, la deuxième chaîne d'informations en continu de Grande-Bretagne. La crainte est qu'un rapprochement des deux provoquerait une domination sans précédent des médias britanniques. Clash des titansLes concurrents ont envoyé une lettre commune (fait exceptionnel) au gouvernement le mois dernier. Parmi les signataires se trouvent la BBC, le « Guardian », le « Mirror » et Channel 4, mais aussi - et cela change tout - les journaux de droite « Daily Telegraph » et « Daily Mail ». Outre le clash des titans de la presse britannique se cache aussi un débat politique. L'homme qui a commandé l'enquête de l'Ofcom est Vince Cable, le ministre de l'Industrie et des Entreprises. Libéral-démocrate, il ne doit aucune faveur à la presse Murdoch, contrairement aux conservateurs, qui ont été ouvertement soutenus. Reste que News Corp. a de bons arguments. En particulier, dans un rapport de 2007, l'Ofcom estimait qu'il contrôlait de facto BSkyB. Dans ces conditions, une montée à 100 % de son capital ne serait qu'une simple transaction financière, lui permettant d'empocher l'intégralité des énormes bénéfices du bouquet satellite. Parallèlement, News Corp. a publié mercredi soir un bénéfice net pour le troisième trimestre clos en septembre en hausse de 36 % à 775 millions de dollars pour un chiffre d'affaires de 7,43 milliards (+ 3,2 %), malgré les pertes de sa filiale MySpace. Mais, pour la première fois depuis 2006, les résultats n'ont pas été commentés par Murdoch, officiellement « en voyage à l'étranger ».
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